Créée d’abord pour s’amuser par un graphiste fan de DIY, la marque Beurk Research s’est imposée sur le marché grâce à son identité forte, aussi visuelle que gustative. Du chemin a été parcouru depuis les débuts, pour la plus grande joie de Bertrand Baillot, son créateur.
Créée par passion
Si l’on doit remonter l’histoire de Beurk Research, il faut aller jusqu’en 2016, où pesaient des menaces précises contre la vape. Comme l’explique Bertrand Baillot, “lorsque la TPD a pointé le bout de son nez sans qu’on sache trop exactement les conséquences que ça allait avoir, j’avais peur de ne plus trouver les liquides que j’aimais, à commencer par ceux à tête d’alien… Je me suis donc mis à faire moi-même mes propres liquides, comme je voyais d’autres en faire. À ce moment-là, la disponibilité pérenne du DIY n’était pas encore garantie, mais c’était un risque à prendre.”
Bertrand Baillot analyse également le DIY avec recul. “Ce n’est pas forcément économique puisqu’il faut tester les arômes, il n’y a pas d’autre moyen. Donc on en achète beaucoup, certains ayant une durée de vie très réduite entre le déballage du colis et la poubelle… J’ai donc commencé à me faire mes petits jus et à les ajuster de version en version, en utilisant tout mon entourage comme cobaye. Les quelques grimaces que j’ai eues à subir ont forgé ma persévérance…”
Beurk en parallèle de Beurk
L’univers particulier de la marque n’est pas né de l’envie de donner une identité aux liquides, enfin, pas entièrement. “Mon métier, c’est graphiste, je travaille dans le marketing, explique Bertrand Baillot. Donc, je me suis amusé à créer des étiquettes rigolotes, pour mon usage personnel. Puis ça m’a tellement amusé que j’ai lancé le site Beurk Research. C’était purement une parodie.”
Ce sont les fake news qui tournent autour de la vape qui lui ont inspiré son univers : l’eau dans les poumons, les souris qui meurent, etc. “Je voulais m’amuser à ridiculiser tout ça et c’était aussi une sorte d’exutoire par rapport à mon métier. On me demande du joli, des choses impeccables, je me suis défoulé avec Beurk en faisant de l’antidesign, avec des visuels dérangeants et une mise en page de travers”, confie-t-il.
Cependant, on ne se renie pas. “En fait, ce n’est pas facile de faire de travers, sourit Bertrand Baillot. Il faut que ce soit fait d’une manière très ordonnée, sinon, c’est juste moche !” Et puis, finalement, Bertrand Baillot s’est pris au jeu. L’idée de faire de bons liquides et de les appeler Beurk l’a amusé.
La professionnalisation
Jusque-là, il faisait goûter ses liquides à ses amis. “Ils me disaient tous que c’était bon, mais ce sont des amis, ils veulent me faire plaisir. Si ça se trouve, quand j’avais le dos tourné, ils vomissaient !”, rigole le créateur de Beurk Research. Pour avoir des retours plus sûrs, il commence à faire goûter à des gens qu’il ne connaît pas, et de préférence à des professionnels.
Parmi eux, il fait la connaissance de Michel Argouet en 2018. “Nous avons beaucoup échangé sur le sujet, et c’est lui qui m’a dit que j’avais déjà les produits et un concept qui tournait autour, alors pourquoi ne pas passer à l’étape supérieure ? J’y pensais déjà, un peu, et ça a été le déclic”, explique Bertrand Baillot. À l’aide de l’équipe d’Exaliquid, il sélectionne et peaufine chaque liquide. Sur les huit recettes qu’il avait en stock au départ, il en retient finalement quatre.
Et ça prend. Beurk Research fait d’abord un buzz sur les groupes vape, comme beaucoup, mais s’inscrit également dans la durée, ce qui est donné à peu, finalement.
En 2020, Bertrand intègre Pulp en tant que designer, un premier pas dans la vape à temps plein. Beurk Research est encore, à ce stade, une activité parallèle, qui lui prend de plus en plus de temps. “Je faisais les cartons moi-même pour les expéditions pros, puis j’allais les amener à la Poste du Louvre. Donc, je réceptionnais les liquides chez moi, je les montais dans mon appartement, je préparais les commandes et je redescendais le tout.”
Le changement radical arrive mi-2020, où la fabrication et la logistique sont confiées à The Fuu et quatre distributeurs. “The Fuu a changé pas mal de choses. On s’est de suite bien entendus. Ils sont très pros et pas loin de chez moi, ce qui simplifie les réunions. Je garde de très bonnes relations avec Exaliquid, avec Michel Argouet, on se téléphone régulièrement, il me donne de précieux conseils, la transition vers The Fuu s’est magnifiquement passée.”
Un métier par accident
Face au succès croissant de Beurk Research, Bertrand décide d’en faire son activité à temps plein. La création de DIY pour remédier aux risques de la TPD et celle du site Internet pour troller sont loin derrière. “J’étais designer et je m’occupais de Beurk en parallèle. Maintenant, je suis Beurk Research à temps plein avec une activité de design ponctuelle, quand on me propose quelque chose qui m’intéresse. J’ai inversé, en fait”, explique-t-il.
Il réalise alors que la gamme n’avait pas bougé depuis 2019 : “Nous étions sur les quatre mêmes liquides. La seule nouveauté avait été l’arrivée des recettes en DIY, face à une demande assez forte. Je me suis donc remis à ma table de travail pour proposer de nouveaux liquides.”
Chez lui, c’est un laboratoire rigoureusement organisé. “Quand j’élabore une recette, j’en fais quatre versions, que je mets à steeper. Puis je goûte, sur les quatre, j’en conserve une, que je décline en quatre nouvelles versions. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que j’arrive à un résultat qui me satisfasse.” Les e-liquides en steep sont sur une étagère derrière lui et sont reposés sur le plan de travail à une certaine date : “Je goûte ce que j’ai devant moi.”
C’est ainsi que sont nés Lutina Strike et Amnesia Cream. “Amnesia Cream a été créé pour des personnes de mon entourage qui fumaient du cannabis et ne trouvaient pas dans la vape de quoi les satisfaire. L’idée était vraiment de partir sur ce goût. Je précise : j’ai vraiment travaillé sur la saveur, il n’y a pas de terpènes ou de CBD dedans.” Quant au Lutina Strike, il voulait créer un gourmand au chocolat sans une avalanche de sucre. Le résultat est bluffant, avec un goût de pâte à tartiner haut de gamme, de celles que l’on achète dans une pâtisserie, et une légère amertume typique du chocolat noir.
Des nouveautés chez Beurk
En 2022, arriveront les quatre premiers liquides Beurk Research en 10 ml nicotinés, juste après un changement de design. C’est le fait de porter la gamme sur le format TPD ready qui a initié cette réflexion qui a conduit à ce changement de design. Au moment de faire ces nouveaux formats, il a porté le design existant de façon un peu stricto sensu sur ces 10 ml et s’est demandé si un primovapoteur allait acheter “un design pareil, bien trash, alors qu’il commence la vape (et qu’en plus il n’y comprend rien)… Avec un petit effort, je me suis souvenu où était le curseur de ma tolérance au moment où j’ai débuté la vape (je me disais, les pauvres gars, comme ils ont l’air super ridicule avec leurs gros machins, on dirait des sabres laser. Au moins, moi avec ma petite cibiche, j’ai la classe)… Je me suis dit qu’il fallait aseptiser le design des produits (pas de la communication, puisqu’elle, les gens qui la voient sont ceux qui font l’effort d’aller la chercher), mais il fallait aussi rester dans l’esprit Beurk Research. Et c’est bien le format 10 ml TPD ready qui a fait débuter cette réflexion, mais ensuite j’ai voulu porter ce système graphique sur toute la gamme.”
Il voulait aussi conserver un visuel très propriétaire, spécifique, “qui passe maintenant par cette nouvelle façon d’écrire, illisible mais propre, sur les bouteilles, un peu façon vieille écriture de laboratoire ou médicaments un peu moisis, début XXe siècle…”
Beurk Research comme produit pour primovapoteurs ? L’idée peut sembler surprenante, tant la marque est ancrée dans la culture vape profonde. Et pourtant, qui ne s’est jamais retrouvé face à un client qui aimerait bien un goût qui change un peu du classic blond, mais n’aime pas les frais fruités ou l’avalanche de sucre ? Plus on considère l’idée, plus elle apparaît comme évidente.
Une chose est certaine, le succès de son projet n’a pas changé Bertrand Baillot : sa passion du détail et sa passion tout court sont identiques à celles des débuts. Un certificat de qualité pour Beurk Research.