Début 2019, Bobble Liquide a débarqué dans le marché français de la vape et s’y est très rapidement fait une place de choix grâce à son bar à liquides : le Bobble Mix. À la tête de l’entreprise ? Fabrice Groret, un entrepreneur talentueux qui nous raconte son aventure et sa vision de la vape.
Commençons par les présentations. Quel est votre parcours avant la création de Bobble Liquide ?
Fabrice Groret : Durant mes études, j’ai pas mal bourlingué en Europe. En effet, j’ai fait une école de commerce, l’ESCP, avec un programme international qui m’a permis d’étudier à Paris, mais aussi une année à Oxford et une autre année à Berlin. J’ai aussi eu la chance de faire des stages à Birmingham et à Hambourg. Cela m’a fait découvrir le pragmatisme anglais et la rigueur allemande. Aujourd’hui, j’ai 44 ans dont 20 ans de conseil aux entreprises. Ce métier de consultant m’a permis de découvrir un grand nombre de secteurs d’activité, en travaillant par exemple sur la stratégie de grands groupes tels que Nestlé dans plusieurs pays européens, Levi’s en Allemagne, PepsiCo en France, British Telecom à Londres, et d’autres encore. J’ai également accompagné un grand nombre de PME, les aidant tantôt à se redresser, tantôt à se développer en relevant des défis stratégiques et opérationnels. Cela passait parfois par des aspects très comptables et financiers pour améliorer la structure du bilan de l’entreprise, parfois par des opérations de haut de bilan telles que des levées de fonds auprès d’investisseurs institutionnels, et parfois par la mise en place de nouvelles actions marketing ou commerciales. Toute une variété de problématiques grâce auxquelles je ne me suis jamais ennuyé !
J’ai découvert le monde de la vape grâce à mon métier de consultant
Comment avez-vous connu la cigarette électronique ?
F. G. : C’est dans le cadre de mon métier de consultant que j’ai découvert le monde de la vape, en travaillant pour plusieurs acteurs, le dernier d’entre eux étant un sous-traitant (embouteilleur) pour des marques connues du secteur. Ayant perdu son principal client et n’en trouvant pas d’autres, le patron de cette entreprise a fait appel à mes services pour rebondir et sauver son entreprise. Après des études de marché, des réunions de travail acharnées à mettre en place et évaluer tout un panel de possibilités pour repartir de l’avant, il m’a fait une proposition inattendue : m’associer avec lui pour mettre en œuvre les idées que je lui proposais… Et j’ai plongé ! Je me suis associé avec lui. L’entreprise a cessé son activité de sous-traitant pour changer d’activité. Au premier trimestre 2019, j’ai réuni autour de moi une équipe de passionnés de la vape et nous avons lancé, tous ensemble, Bobble Liquide, avec pour ambition d’innover dans le monde de la vape… La #VapeRévolution était lancée !
Êtes-vous vapoteur et, si oui, racontez-nous votre cheminement dans la vape…
F. G. : Je n’ai pas fumé une cigarette de ma vie ! J’ai découvert la vape en travaillant pour des acteurs du secteur et ça m’a ouvert l’esprit sur un monde nouveau. Tout d’un coup, j’ai commencé à parler vape avec des amis vapoteurs et ils m’ont proposé de goûter quelques liquides. Ce fut une révélation ! L’étendue des saveurs, le nombre de nouveautés, la créativité du secteur m’ont subjugué et enthousiasmé, comparés à ce qui se passe dans les grands groupes que j’ai pu connaître, où développer et lancer un produit prend plus d’un an et où la créativité laisse la place aux études du marché. Aujourd’hui, je ne suis, bien entendu, pas devenu un vapoteur régulier et je ne conseille à aucun non-fumeur de le devenir mais je prends un plaisir certain à goûter tous les produits que Guillaume Quier, notre juice-maker, me propose. Aucun produit ne peut sortir chez Bobble Liquide sans que je ne l’aie goûté et validé.
J’ai eu beaucoup de chance en constituant notre équipe de tomber sur des personnes formidables, toutes passionnées
Bobble est un acteur récent du marché, comment avez-vous eu le déclic pour vous lancer sur le marché ?
F. G. : Lorsque nous sommes arrivés en 2019, lancer une nouvelle marque sur le marché était un vrai challenge. Deux facteurs m’ont permis de le relever. Premièrement, mon passé professionnel m’a beaucoup aidé à comprendre les tenants et aboutissants de ce marché. Il ne fallait pas faire comme tout le monde et croire que l’on pourrait concurrencer les acteurs historiques sur leur terrain, à savoir le 10 ml. Et surtout, j’ai eu beaucoup de chance en constituant notre équipe de tomber sur des personnes formidables, toutes passionnées (c’était mon critère numéro 1) et chacune d’entre elles ayant sa propre expérience avec la vape. Nous avions plusieurs préoccupations : la première était l’écologie et la deuxième était de rendre la vape plus accessible. Après des soirées parfois arrosées (avec modération bien sûr !), on en est arrivé à l’idée de la vente en vrac et de la grande bouteille. D’ailleurs, le nom Bobble est un clin d’œil à bottle qui veut dire “bouteille” en anglais. Cette grande bouteille est devenue notre marque de fabrique. Aujourd’hui encore, cette équipe fondatrice reste le cœur et l’esprit de Bobble.
Quel est le concept de Bobble Liquide ?
F. G. : Le concept de Bobble c’est avant tout de rendre la vape plus accessible et plus écologique ; et pour nos consommateurs, cela s’est concrétisé par la vente en vrac avec de grandes bouteilles de 1 litre qui égayent déjà plus de 700 magasins en France. Le concept Bobble Liquide, c’est aussi de rendre les choses plus simples pour les consommateurs, par exemple, avec cette idée géniale de mon associé : faire une fiole avec un goulot très large pour y verser du liquide et un booster, grâce à une tétine dévissable. Il nous a tellement épatés sur ce coup que nous avons nommé la fiole Oscar, de son prénom. Très rapidement, notre mur est devenu le “bar à saveurs Bobble” et nous avons voulu pousser le concept jusqu’au bout en créant le Bobble Mix : le seul système permettant de mélanger des saveurs et de créer son liquide personnalisé tout en étant compatible avec la TPD. En effet, mélanger deux produits différents en crée un troisième et celui-ci doit avoir une étiquette conforme et une FDS (fiche de sécurité) qui lui est propre. Lorsque le client sort d’une boutique avec le jus dont il a lui-même créé la recette, il a une fiole étiquetée dans la poche et une FDS dans sa boîte mail. Une vraie #VapeRévolution, comme nous aimons à le dire !
Les vape shops ne sont pas nos clients, ce sont nos partenaires
Comment définissez-vous l’identité, les valeurs de votre société ?
F. G. : Les valeurs de notre société, nous leur donnons un nom, c’est la #BobbleFamily. Être une famille ça veut dire quoi ? Ça veut dire être solidaire, les vape shops ne sont pas nos clients mais nos partenaires. Nous avons conscience que sans eux, nous ne sommes rien. Ça veut dire que les autres fabricants ne sont pas nos concurrents mais des confrères avec qui nous avons le plaisir de collaborer, par exemple en étant adhérent de la Fivape. Ça veut aussi dire que l’on est proche des consommateurs et à leur écoute. Ce sont eux qui créent les tendances du marché. Et à leur tête, ceux que l’on nomme couramment reviewers ou influenceurs. Quand l’un d’eux nous appelle et nous dit : “Le prochain hit du marché c’est telle saveur”, nous l’écoutons ! Notre credo, c’est la qualité des jus et l’explosions des saveurs. La qualité, ça passe par des ingrédients maîtrisés et certains autres totalement exclus (comme le sucralose, par exemple). Même notre additif sucré, le Bobble Sweet, a été développé à partir d’une autre molécule et ne contient pas une seule goutte de sucralose.
Lors du lancement de Bobble Mix, il y avait déjà des concepts de bar à liquides, en quoi vous différenciez-vous des autres ?
F. G. : Il y avait, certes, quelques acteurs qui proposaient des bars à liquides à l’époque mais leurs concepts, sans doute pas vraiment aboutis, n’ont jamais réussi à s’imposer comme un standard du marché. Notre première innovation a été de faire simple : Nous avons été les premiers à faire un bar de mono-arômes. À partir de là, c’est nous qui avons réellement développé ce segment dont nous sommes aujourd’hui clairement le leader. Cette réussite s’explique par le fait que notre concept va bien plus loin que de simplement proposer des bouteilles au litre. Nous accompagnons les boutiques qui installent Bobble sur leur mur de l’installation à l’exploitation du bar à saveurs. Nous ne nous contentons pas de leur vendre des liquides. Encore une fois, les boutiques sont nos partenaires avant d’être nos clients : Bobble n’est pas juste un liquidier mais une vraie communauté. Aujourd’hui, c’est clair, quand on pense grande bouteille ou bar à saveurs, on pense à Bobble !
Quel a été l’accueil des boutiques ?
F. G. : Il a été excellent ! Pour répondre à cette question, je vais vous citer quelques remarques que nous avons eues à l’époque : “Quelle innovation !”, “Pourquoi personne n’y avait pensé avant ?”, “Ça fait sympa sur mon mur !” ou encore “C’est plus écologique que des 10 ml”.
Possédez-vous votre propre labo ? Concernant les saveurs, créez-vous vous-mêmes les arômes ou faites-vous de l’assemblage ?
F. G. : Oui, nous possédons notre propre laboratoire. Cela a constitué un gros investissement mais je n’imaginais pas me prétendre liquidier et n’être en fait qu’un distributeur de liquides produits par quelqu’un d’autre. Notre laboratoire travaille en collaboration avec des aromaticiens avec lesquels nous créons nos propres arômes primaires. Nous faisons ensuite en interne de l’assemblage à partir de nos arômes ou de ceux de nos partenaires pour créer nos gammes de complexes.
Concernant la partie sanitaire, qu’est-ce qui garantit le côté “safe” de vos liquides ?
F. G. : Tout d’abord, pour garantir la qualité d’un liquide, il faut en maîtriser la chaîne de production. Les consommateurs ne le savent sans doute pas mais il existe différents niveaux de qualité pour les matières premières rentrant dans la composition des e-liquides. Chez Bobble, nous avons fait le choix, dès le premier jour, de ne prendre que des produits de la meilleure qualité. C’est le cas pour notre nicotine, et c’est aussi le cas pour notre PG et notre VG qui sont de qualité pharmacopée. Posséder son propre laboratoire est aussi un gage de qualité. Cela nous a permis de mettre en place des contrôles qualité à la réception des matières premières, en phase de production et avant la commercialisation des produits finis.
Notre gamme Signature est le plus beau lancement que nous ayons fait depuis notre création
Quels sont vos best-sellers ?
F. G. : Nos best-sellers sont bien évidemment les saveurs que les consommateurs demandent le plus, à savoir les tabacs, les menthes et les fruits rouges. Ensuite, nous avons quelques pépites dont les ventes sont très largement supérieures à ce qu’elles devraient être si l’on se fie à la demande sur ces saveurs en particulier, par exemple, notre Melon ou notre Pêche Blanche sont absolument exceptionnels et cela se ressent sur les ventes. Concernant les complexes, notre dernière gamme Signature est le plus beau lancement que nous ayons fait depuis notre création. Cette gamme n’a rien à voir avec tout ce qui a pu exister jusqu’à présent, c’est clairement la plus aboutie de nos gammes. Son packaging réalisé par l’artiste français Hom Nguyen est magnifique et les jus que nous avons mis plus d’un an à confectionner sont tout simplement addictifs. Non seulement c’est déjà un best-seller, mais je prends le pari que cette gamme va s’installer dans la durée.
Avez-vous connu des flops ?
F. G. : Des flops pas vraiment, des petites déceptions, oui bien sûr ! Nous avions de gros espoirs de développer les ventes de quelques saveurs peu courantes, par exemple en proposant une Orange incroyable. Malheureusement, nous sommes loin de nos objectifs sur cette saveur. Tout le monde nous dit : “Elle est très bonne mais ce n’est pas ça que j’ai envie de vaper.”
Vous ne proposez pas de concentrés pour le DIY, pourquoi ?
F. G. : Je vous rappelle que nous sommes encore une très jeune entreprise et il nous reste encore effectivement beaucoup de choses à lancer…
Est-ce que des gammes au CBD et aux sels de nicotine font partie de vos projets ?
F. G. : Une gamme au CBD ne nous semble pas prioritaire à ce jour. Une gamme aux sels de nicotine, pourquoi pas ? Ça fait partie des idées que nous avons en tête mais si nous le faisons, comme d’habitude, nous le ferons de façon innovante !
Nous avons monté une équipe projet qui est chargée de nous mettre en conformité avec les exigences de la norme Afnor
Une normalisation Afnor est-elle dans vos projets ?
F. G. : Oui, bien entendu ! D’ailleurs, dès notre création, nous avons pris les devants en évitant des écueils tels que mettre des dessins de fruits sur nos étiquettes car c’est interdit par la TPD. Mixer des jus sans produire une FDS du produit final, ce n’est pas conforme non plus. C’est pour cela qu’avant de sortir le Bobble Mix, les liquides de notre bar étaient vendus en mono-arômes uniquement. Aujourd’hui, nous avons monté une équipe projet au sein de Bobble qui est chargée de nous mettre en conformité avec les exigences de la norme Afnor, c’est un objectif à court terme.
Les produits Bobble sont disponibles uniquement en boutiques physiques, pourquoi ce choix ?
F. G. : Comme je vous l’ai dit précédemment, les magasins sont nos partenaires. L’idée n’est pas de créer une guerre de prix ou une concurrence exacerbée mais de se développer en bonne entente avec nos distributeurs. De plus, nous estimons que notre concept nécessite l’accompagnement d’un vendeur en boutique.
Quels sont vos réseaux de distribution en France et à l’étranger ?
F. G. : À ce jour, nous nous concentrons sur la France. Nous avons bien quelques magasins à l’étranger mais c’est anecdotique. Et en France, notre politique est claire, nous maîtrisons notre distribution en établissant des contacts directs avec les magasins qui nous distribuent.
Je pense que les grossistes commencent à le comprendre car je reçois moins de sollicitations depuis quelque temps. Je n’ai vraiment rien contre eux ; c’est simplement que je ne souhaite pas voir nos produits dans des réseaux de distribution ou sur certains sites Internet où ils ne sont pas censés être.
Lorsque l’on dit qu’il y a 2 millions de vapoteurs en France, ce chiffre n’est pas figé mais représente une masse de consommateurs qui évolue tous les jours
Quelle est votre vision du marché français de l’e-liquide ?
F. G. : C’est un marché toujours en croissance, contrairement à ce que certains commencent à penser. La difficulté à appréhender le marché vient du fait qu’il ne faut pas raisonner à partir d’une photographie du marché à un moment T mais bien l’envisager comme un agrégat de plein d’acteurs en mouvement. Pour les consommateurs, par exemple, lorsque l’on dit qu’il y a 2 millions de vapoteurs en France, ce chiffre n’est pas figé mais représente une masse de consommateurs qui évolue quotidiennement : de nouveaux vapoteurs arrivent tous les jours sur le marché et d’autres le quittent parce qu’ils arrêtent la vape complètement ou malheureusement, parce qu’ils retournent à la cigarette. Cette mouvance du marché et de ses acteurs se retrouve également au niveau de la distribution (magasins physiques, bureaux de tabac, sites Internet) qui s’organise et se professionnalise, et des fabricants dont nous faisons partie. Nous essayons de tirer notre épingle du jeu au sein de ce marché où tout va très vite.
Les tabacs qui se mettent à la vape n’y vont pas par conviction mais pour essayer de retrouver des marges et de compenser la baisse des ventes de cigarettes
Quelle est votre position vis-à-vis de la vente d’e-liquides chez les buralistes ?
F. G. : Bobble a fait le choix de concentrer sa distribution dans les seuls magasins spécialisés de cigarette électronique. Cependant, nous estimons que les tabacs ont parfaitement le droit de vendre des produits de vape et certains de nos concurrents ont choisi d’y être et même de développer cette filière. Le problème à nos yeux, outre l’aspect éthique sur lequel je ne m’étendrai pas, vient du fait que les tabacs sont habitués à distribuer les produits et non à conseiller et à accompagner des consommateurs pour qu’ils arrêtent la cigarette. Je pense qu’aujourd’hui, les tabacs qui se mettent à la vape n’y vont pas par conviction mais simplement pour essayer de retrouver des marges et de compenser la baisse des ventes de cigarettes. Pour ma part, je n’ai jamais entendu un buraliste proposer à son client qui vient chercher son paquet de cigarette : “Avez-vous déjà pensé à arrêter de fumer ?”…
Voyez-vous la présence de plus en plus importante de Big Tobacco dans la vape comme un avantage ou un inconvénient ?
F. G. : Certains vous diront que cela contribue au développement de la vape, d’autres que c’est un risque pour le secteur, qui serait “infiltré”. Je préfère ne pas porter de jugement de valeur et pointer du doigt que cela représente avant tout un défi pour toute la filière française. Même les plus gros acteurs de la vape en France restent des nains face aux entreprises de tabac. Pourtant, les acteurs français de la vape font face grâce à la qualité de leurs produits, mais aussi grâce à l’intelligence des consommateurs qui préfèrent rester dans des systèmes ouverts (box et fioles d’e-liquide) plutôt que fermés (avec des cartouches). Ce que je retiens c’est que Juul, qui faisait peur à tout le monde, n’a pas réussi à s’imposer en France avec une stratégie similaire de cartouches. Cela me rend optimiste pour l’avenir de la filière de la vape française.
Comment traversez-vous la crise sanitaire du Covid-19 ? Comment en avez-vous atténué les effets ?
F. G. : Au début de la crise, la priorité a été de s’adapter aux gestes barrières et aux recommandations gouvernementales, notamment concernant l’éloignement des personnes. Protéger mes salariés était ma première préoccupation. Nous y sommes arrivés en mettant en place des mesures de télétravail à chaque fois que cela était possible.
Ensuite, nous avons été confrontés à une érosion de nos ventes et avons dû prendre quelques mesures de chômage partiel pour nos commerciaux qui ne pouvaient plus faire de tournées, dormir à l’hôtel et rencontrer des clients. La deuxième chose qui nous a marqués durant le premier confinement, c’est que nous avons reçu tout d’un coup des coups de fil pour savoir si nous avions des fioles et des bouteilles de disponibles et des capacités de fabrication et d’embouteillage pour du gel hydroalcoolique. Par chance, nous venions de recevoir de grosses livraisons de la part de nos fournisseurs et avions donc tout cela. Nous avons donc pu apporter notre pierre à l’édifice sanitaire. Il y avait aussi la problématique des boutiques qui ont vu tout d’un coup, pour la plupart d’entre elles, leur chiffre d’affaires baisser. Pour les aider, nous avons ouvert notre site Internet au grand public et lorsqu’une boutique envoyait sur le site l’un de ses clients, nous lui reversions 50 % du chiffre d’affaires généré. Cela a été appréciable pour certaines boutiques, pour les aider à tenir le coup en cette période difficile.
Le vapotage en France est bien démocratisé aux yeux de la population, mais pas assez aux yeux de l’État
Craignez-vous la prochaine version de la TPD qui devrait être mise en application cette année ?
F. G. : De vraies questions se posent sur le marché de la vape. Les non-fumeurs, et notamment les plus jeunes, sont-ils attirés par les produits de la vape alors que ceux-ci ne devraient concerner que les fumeurs qui souhaitent arrêter la cigarette ? La limitation de la contenance des fioles nicotinées à 10 ml, imposée par la TPD actuelle, est-elle en phase avec les enjeux écologiques d’aujourd’hui ? Le DIY est-il le moyen le plus sûr de consommer des e-liquides ? Ces questions-là sont des interrogations réelles et nul n’a de réponses évidentes à apporter. Le débat est ouvert. J’espère que la prochaine TPD y apportera des éléments de réponse qui conviennent au plus grand nombre et pas à des intérêts particuliers.
Ma crainte est que ces questions, comme d’autres, ne soient pas traitées dans le seul intérêt des consommateurs, mais sous l’influence de lobbies puissants. Certains faits que j’observe me laissent perplexe. L’Inde, premier producteur mondial de tabac, a interdit la cigarette électronique. Dans l’intérêt de qui ? Les États-Unis, en particulier certains États, pays des plus grandes marques de cigarettes, luttent contre la vape de façon acharnée. Quand on voit les budgets de la campagne présidentielle, on comprend que les politiciens américains suivent leurs financeurs…
En Europe, nous ne devrions pas subir avec autant de force ces lobbies, mais ils ont y ont malgré tout une influence certaine. En effet, le moindre incident dans le monde lié à la vape est médiatisé de façon totalement disproportionnée : la batterie d’une box explose et blesse son utilisateur, des dizaines d’articles de presse en parlent. De nombreuses agences de relation presse très coûteuses sont mandatées pour s’en assurer… Si c’est la batterie d’un téléphone portable, personne ne le mentionne.
Au final, oui je crains quelque peu cette TPD, non pas parce que la vape pose problème, mais parce qu’elle pose des problèmes à certains ! Et que ces gens-là sont plus gros et plus puissants que la jeune filière de la vape. Aujourd’hui, il est impossible pour les PME comme les liquidiers français de se défendre individuellement contre les réglementations sévères mises en place.
Le vapotage en France donne lieu à une situation paradoxale dans le sens où il est bien démocratisé aux yeux de la population, mais pas assez aux yeux de l’État… Cela engendre de l’hostilité de la part des professionnels car ils sont contraints de “subir” les nouvelles lois sur la TPD malgré le travail de la Fivape, association qui fait un travail exemplaire depuis ces dernières années.
Nous avons récemment pris la décision de communiquer plus intensément sur le SIIV pour convaincre les professionnels de défendre leur secteur
Comment comptez-vous vous défendre ?
F. G. : La seule manière de pouvoir défendre nos métiers et notre passion est le SIIV (Syndicat Interprofessionnel des Indépendants de la Vape), qui défend et valorise nos droits directement auprès du gouvernement. Néanmoins, il y a environ 2 millions de vapoteurs et plus de 3 000 commerces de vape en France, mais seulement 6 % d’adhésion à ce syndicat alors que le gouvernement demande 8 % au minimum pour être représenté. Chez Bobble, nous avons récemment pris la décision de communiquer plus intensément sur le SIIV pour convaincre les professionnels de défendre leur secteur. Nous comprenons que les frais d’adhésion, 100 € par an, peuvent freiner certains professionnels, néanmoins cela reste un investissement pertinent pour être entendus et défendus à l’avenir.
Quels sont vos projets à venir ?
F. G. : Cette expérience de site Internet nous a amenés tout naturellement à réfléchir à une solution plus durable pour aider des boutiques en cas de nouveaux confinements, ou tout simplement pour conserver leur clientèle tentée d’aller sur Internet.
Nous avons donc créé Point de Vape, une place de marché dédiée aux boutiques, leur permettant de vendre en ligne les produits qu’elles ont dans leurs magasins.
Nous avons aussi de nouvelles saveurs en cours de développement, avec une nouvelle gamme prévue pour le printemps prochain.
Point de vape, la place de marché initiée par Bobble
Vous venez de mettre en ligne le site pointdevape.com. Quel est son concept ?
Fabrice Groret : Point de Vape est une place de marché dédiée aux boutiques de vape indépendantes. Les boutiques mettent sur le site pointdevape.com leurs produits en vente, et nous les proposons aux internautes. L’avantage pour les clients est d’avoir le meilleur des deux mondes : pouvoir passer commande sur Internet, choisir la livraison ou le retrait en boutique, avoir le service après-vente près de chez eux, si besoin.
Quels sont les avantages pour les boutiques ?
F. G. : En intégrant le programme Point de Vape, les boutiques ne prennent aucun engagement financier, et conservent leur totale indépendance. Elles accèdent à Internet sans avoir à créer leur site, sans faire de marketing. Et elles ont alors l’opportunité de conserver des clients qui auraient pu les quitter pour aller sur un site Internet, ou d’en faire revenir d’autres qui ont choisi Internet mais dont le lien avec la boutique peut être reconstruit, avec du “click & collect” par exemple.
Combien de boutiques sont-elles déjà partenaires ?
F. G. : Près d’une centaine sont déjà membres de la plateforme et au moins autant ont signifié leur intérêt ! Nous pensons arriver à 400 boutiques partenaires rapidement. Quelques-unes d’entre elles ont même déjà pris l’enseigne Point de Vape, comme nous le leur avons proposé. Notre ambition est de faire de Point de Vape l’une des marques fortes de la distribution, aux côtés des plus grands réseaux existant aujourd’hui. Les boutiques indépendantes l’ont bien compris : seules, elles ont un avenir incertain ; ensemble, elles sont plus fortes.
Les 5 gammes Bobble
Combien de gammes commercialisez-vous ?
Fabrice Groret : Aujourd’hui, nous commercialisons 5 gammes d’e-liquides : une gamme de liquides mono-arômes et quatre gammes de liquides complexes.
Comment définissez-vous l’identité de vos marques ?
F. G. : Nos 5 marques sont assez hétérogènes car nous aimons la diversité dans notre entreprise.Permettez-moi de vous faire une description courte et précise de nos gammes.
Bobble est une gamme de 43 saveurs mono-arômes disponible en formats 1 litre, 250 ml, 40 ml, 20 ml et 10 ml. C’est une gamme colorée et friendly qui rappelle le côté sain de nos produits. La gamme se veut écologique grâce à son système de recharge mural disponible dans les magasins de vape.
Freshly, comme le sous-entend son nom, est une série de liquides rafraîchissants. C’est une gamme à la saveur de la limonade fraîche. Elle est composée de 6 liquides complexes en 50 ml.
Shocking est une gamme de 3 liquides complexes en 50 ml, qui souligne ce caractère coquin que l’on retrouve chez chacun d’entre nous ! C’est une gamme qui se veut provocante et qu’on ne peut pas oublier !
Signature est une toute nouvelle gamme de 6 liquides complexes en 50 ml qui propose des produits ultra premium en collaboration avec des artistes peintres.
Emprise est une gamme de 2 liquides complexes gourmands en 50 ml. Elle fait référence à l’envoûtement que l’on pourrait ressentir vis-à-vis de ce duo de liquides ! Le logo parle très bien de lui-même, la pieuvre avec ses tentacules qui vous étreignent…
La vape de Fabrice Groret
Vapoteur depuis : vapoteur occasionnel depuis deux ans.
Setup actuel : Zenith et Coolfire Z50 d’Innokin.
Liquides préférés : Extase de la gamme Signature.
Taux de nicotine : zéro.
Consommation quotidienne : occasionnelle.
Bobble Liquide en chiffres
Année de création : 2019.
Nombre de salariés : 25.
CDI créés en 2019 : 15.
Superficie du local : 800 m².
Capacité de production : 7 000 000 de fioles par an.
Nombre de points de vente en France : 700.
Nombre de gammes : 5.
Nombre de références au catalogue : 256.
Présence internationale : Suisse.
Bobble Liquide en dates
Création de Bobble : 1er trimestre 2019.
1ers chubby 50 ml : janvier 2020.
Lancement du site Pointdevape.com : novembre 2020.