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Malgré un lien clairement établi entre la vaporisation de produits artisanaux contenant du THC, dans lesquels se trouvent de l’acétate de vitamine E, et les lésions pulmonaires connues par plusieurs milliers d’Américains, certaines organisations de santé publique continuent de déconseiller aux fumeurs l’utilisation d’une cigarette électronique. Alors, simple maladresse ou réelle incompétence ?
Deux organismes qui vous veulent du bien
Les avis du CDC et de la FDA ont toujours occupé une place très importante dans les décisions politiques en matière de santé publique, aux USA comme dans le monde entier. Mais qui sont ces organisations, et quelle est vraiment leur mission ?
« Le CDC augmente la sécurité sanitaire de notre pays. En tant qu’agence nationale de protection de la santé, le CDC sauve des vies et protège les gens des menaces pour leur santé », peut-on lire sur le site officiel de l’organisme.
Le CDC sauve des vies et protège les gens des menaces pour leur santé… Arrêtons-nous quelques secondes sur cette phrase, le temps de la lire, de la relire, le temps de bien la comprendre. Le CDC « protège les gens des menaces pour leur santé ». Soit.
« La Food and Drug Administration est chargée de protéger la santé publique », explique quant à elle l’organisation sur son site internet.
La FDA est chargée de protéger la santé publique. Très bien.
Protéger – verbe transitif – (latin protegere) – Mettre quelqu’un, quelque chose à l’abri d’un dommage, d’un danger – Larousse 2019
Protéger les gens reviendrait donc à les mettre à l’abri d’un danger. C’est noté.
Le commencement
Le 23 août dernier, les Etats-Unis enregistrent ce que médias et médecins appellent le « premier décès en lien avec le vapotage ». En effet, ce jour-là, dans l’Etat de l’Illinois, un homme meurt à l’hôpital, de sévères complications pulmonaires. Il était vapoteur.
Le même jour, le CDC donne une conférence durant laquelle il explique que jusqu’à présent, 193 cas de vapoteurs malades ont été recensés sans toutefois être confirmés, et que « dans de nombreux cas », les patients « ont déclaré avoir utilisé des produits contenant du THC » lors d’entretiens de suivi avec des professionnels de santé.
Deux semaines plus tard, la Food & Drug Administration (FDA) annonce avoir repéré un composé similaire dans « presque tous les échantillons étudiés ». Une huile dérivée de la vitamine E, et qui aurait été détectée dans « presque tous les échantillons de cannabis provenant de patients tombés malades à New York ces dernières semaines ».
Le 6 septembre, le CDC donne une nouvelle conférence durant laquelle l’organisation de santé demande à tous les vapoteurs de « ne pas utiliser de cigarettes électroniques, parce que, pour l’instant, c’est le principal moyen de prévenir d’éventuelles lésions pulmonaires ».
Le même jour, la FDA publie un communiqué dans lequel, contrairement au CDC, elle conseille uniquement aux vapoteurs de « ne plus utiliser de produits de la vape contenant du THC ».
C’est à n’y rien comprendre.
Tandis que la FDA parle d’un composé suspect, et que dès la déclaration du premier cas, le CDC explique que tous les patients ou presque ont déclaré avoir vaporisé des produits au THC, bien éloignés donc, des produits de la vape traditionnelle, les Centers for disease control and prevention conseillent d’arrêter de vapoter.
Les choses s’enveniment
Les jours et les semaines passent. Pendant ce temps, la presse généraliste se déchaîne et accuse le vapotage de tous les maux de la société. L’hystérie grandit un petit peu plus chaque jour, et divers Etats américains commencent à interdire le vapotage.
Mi-septembre, New York bannit les e-liquides sucrés de ses étals, le Massachusetts fait de même quelques jours plus tard pour cause d’ « urgence sanitaire », tandis que le Rhode Island choisi lui aussi d’interdire les e-liquides aromatisés peu de temps après.
Et pendant que les vapoteurs de tout le pays se font peu à peu, doucement priver de l’outil de sevrage tabagique leur ayant permis d’arrêter de fumer, les organisations de santé telles que la FDA et le CDC continuent d’avancer dans leurs enquêtes respectives.
Le 24 septembre, les Centers for disease control and prevention publient un nouveau communiqué dans lequel ils reconnaissent clairement que « les derniers résultats de l’enquête (…) suggèrent que les produits contenant du THC jouent un rôle dans l’explosion du nombre de personnes atteintes par des problèmes de santé ».
A ce stade, la situation est claire.
FDA et CDC ont tout deux reconnu que les problèmes de santé connus par plusieurs centaines de vapoteurs à travers les USA, sont liés à la consommation de produits contenant du THC, et dans lesquels est présent de l’acétate de vitamine E. Nous sommes le 24 septembre.
Pourtant, malgré ce fait, chaque document publié par le CDC et la FDA continue d’inciter les vapoteurs à cesser l’utilisation d’un vaporisateur personnel. Tous les documents publiés par les organismes, sans exception ou presque, contiennent des phrases telles que « le seul moyen d’être sur d’éviter tout risque pour la santé est de ne pas utiliser de cigarette électronique ».
Qui protège quoi ?
Le tabagisme est responsable de plus de 7 millions de décès chaque année dans le monde. On estime le nombre de fumeurs quotidiens aux Etats-Unis à plus de 34 millions, dont presque 500 000 décèdent chaque année de leur tabagisme.
La cigarette électronique a été reconnue par le ministère de la santé britannique comme étant « au moins 95 % moins nocive » que la consommation de cigarettes combustibles.
De nombreuses études ont démontré les bienfaits d’un passage du tabac à la vape, et l’efficacité du vaporisateur personnel dans le cadre du sevrage tabagique, par rapport à d’autres substituts nicotiniques.
Comment expliquer alors, qu’encore aujourd’hui, en date du 26 novembre, le CDC et la FDA continuent de recommander de ne pas utiliser la cigarette électronique ?
Capture d’écran réalisée sur le site du CDC – 26 novembre 2019
« La seule façon de s’assurer que vous ne courez pas de risque pendant que l’enquête se poursuit est d’envisager de vous abstenir d’utiliser tous les produits de cigarette électronique ».
Capture d’écran réalisée sur le site de la FDA – 26 novembre 2019
« Et comme on ne connaît pas encore la ou les causes précises des lésions pulmonaires, la seule façon de vous assurer que vous ne courez pas de risque pendant la durée de l’enquête est d’envisager de vous abstenir d’utiliser toutes les cigarettes électroniques et produits de la vape ».
Nous sommes le 26 novembre. Un lien clair a été établi entre consommation de produits au THC contenant de l’acétate de vitamine E, et lésions pulmonaires, et ces deux organismes de santé continuent de recommander de ne pas vapoter.
Ces deux organismes continuent de recommander de ne pas utiliser l’outil de sevrage tabagique le plus efficace à ce jour. Celui qui permet d’arrêter de fumer et de se prémunir des nombreux dangers liés à la consommation de cigarettes combustibles.
Nous sommes le 26 novembre, et l’Inde, pour ne citer que cet exemple, a récemment interdit le vapotage sur son territoire, à cause des recommandations du CDC de ne pas vapoter. L’Inde, pays qui voit près d’un million de personnes mourir chaque année de leur tabagisme.
Protéger – verbe transitif – (latin protegere) – Mettre quelqu’un, quelque chose à l’abri d’un dommage, d’un danger.
Alors avec tout ça, le CDC et la FDA protègent-ils réellement qui que ce soit ? Eux-mêmes, probablement, mais pas la santé publique, assurément.
