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Le Vaporium, immanence et artisanat

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Fabricant de liquide, réseau de boutiques, Le Vaporium est, à n’en point douter, un acteur singulier dans la vape française. Guillaume Thomas, son créateur, détaille son parcours et la façon dont il applique ses idées à travers son entreprise.

Le retour à la terre

Comme beaucoup d’acteurs de la vape, l’histoire du Vaporium est faite de hasards et de rencontres, tout d’abord avec la vape.

“J’ai eu une vie riche avant, explique Guillaume Thomas, qui a créé et dirige la marque. De base, je suis ingénieur agronome. J’ai occupé des postes notamment de directeur qualité, puis suis devenu consultant. À l’époque, j’ai travaillé pour des grands groupes, comme Nestlé.”

Une vie de cadre sup’ qui finit par lasser. “Il y a dix ans, on a voulu faire un retour à la terre, avec ma compagne de l’époque. Nous avons laissé tomber nos jobs respectifs, avons acheté une maison à la campagne, et nous sommes partis faire un voyage en Inde.”

Un voyage qui n’a rien de mystique : “Nous n’étions juste pas dans l’intention de faire du tourisme. Sur place, nous avons vu des choses originales, et nous avons eu l’idée de les acheter pour faire les marchés en France. Et sur un des marchés que nous faisions en France, nous avons sympathisé avec un vapoteur. Je m’y suis mis aussi.”

Et le pas est presque franchi. “La vape était à ses débuts, et avec ma compagne, on s’est dit ‘allez, on monte un shop.’ Et on en a monté un, à Cadillac, 2 000 habitants. Dire que ce n’était pas la solution de facilité est un euphémisme.”

Le magasin fonctionne, assez pour envisager l’ouverture d’un second, à Bordeaux cette fois-ci. Aujourd’hui, le réseau compte 9 boutiques.

Le Vaporium l’a échappé belle

De shop de vape, le Vaporium devient fabricant de liquides. “On a commencé assez tôt, vers 2015, explique Guillaume. Au début, c’était fait artisanalement, en petites quantités, et j’en vendais aux clients. Mais rapidement, ils ont plu, il nous fallait une capacité de production plus importante. On est alors allé voir le LFEL.”.

C’est à ce moment précis que les choses auraient pu basculer : l’anecdote, hilarante, est pourtant vraie. Lors d’une discussion, Antoine Cuisset, du LFEL, et frère de Vincent, le fondateur de Vincent Dans Les Vapes, demande à Guillaume : “Tu as un nom ?”

Guillaume Thomas propose : “Les caniches nains de l’apocalypse”. Réponse suivie par un immense silence gêné dans l’assistance, et d’une seconde proposition, un peu précipitée, de Guillaume : “Sinon, j’ai Le Vaporium”. Réponse, soulagée, d’Antoine Cuisset : “Oui, oui, Le Vaporium, c’est très bien.”

Depuis, Guillaume Thomas n’a jamais cessé de créer des liquides. “Je ne vape que des choses que je teste, constate-t-il. Ça doit faire quatre ans que je n’ai pas vapé un liquide d’une autre marque, et la plupart du temps, dans mon clearomiseur, il n’y a pas de liquide commercialisé, mais des choses que j’essaie.” Au point qu’une fois le liquide mis au point et commercialisé, il est rare que Guillaume le vape à nouveau, tout simplement parce qu’il n’a pas de temps.

Définir l’immanence

Quand on demande à Guillaume Thomas comment il crée ses liquides, sa réponse tient en peu de mots, mais n’en est pas simple pour autant : “Je crée mes liquides de façon immanente et pas transcendante.”

L’immanence est ce qui est contenu dans la nature d’un être, par opposition à la transcendance, qui provient d’un principe extérieur. Ce qui mérite sans doute une explication plus détaillée et vapologique.

“Je passe mon temps à sentir des échantillons, détaille Guillaume. J’ai plus de 1 500 échantillons d’arômes chez moi, et je me dis : tiens, cet arôme et cet arôme, mettons-les ensemble et voyons ce que ça donne. Si demain je reçois un arôme monstrueux, je me dirai aussitôt qu’il faut que je fasse un liquide avec ça.”

Le liquide naît donc de ce qu’il contient, il n’est pas le fruit d’un mélange étudié pour obtenir un résultat défini à l’avance. Immanent, pas transcendant.

Le monde selon Guillaume Thomas

Il y a une autre particularité au Vaporium, c’est la place des gens qui y travaillent. À commencer par un détail : “Tout le monde est payé la même chose, explique Guillaume Thomas. Même moi, en tant que patron, je me suis légèrement augmenté dernièrement, mais sinon, j’étais au même salaire que mes employés.”

De même, les employés sont poussés à créer leurs propres liquides. “Sonia, par exemple, a créé le So’Abricot, elle n’était pas du tout confiante au début, on l’a poussée gentiment, et le liquide est réussi, il plaît beaucoup aux clients.” L’Arc-en-Ciel, quant à lui, “c’est un exemple de sérendipité, il a été mélangé n’importe comment et créé en une demi-heure par un vendeur.”

La gamme aujourd’hui comporte 80 liquides, distribués entre autres dans les boutiques Le Vaporium. Boutiques qui ont un signe distinctif : “On n’y vend que nos liquides. C’est un choix audacieux, mais qui fonctionne, puisqu’on arrive à faire vivre les boutiques comme ça.”

Et les liquides ne contiennent pas d’additifs. “Je suis un des premiers à ne pas mettre d’additifs dans mes liquides. Depuis le début. Il se peut qu’il y ait d’infimes traces de sucralose dans certains, parce que les arômes en contiennent, mais d’une manière générale, je les évite, et je n’en ajoute pas.”

Et c’est un véritable sacerdoce. “J’avais testé des arômes malaisiens qui m’avaient beaucoup plu. Mais tous étaient blindés de sucralose. J’avais vraiment envie de travailler avec, et j’ai insisté pendant des mois pour qu’ils fassent un batch sans sucralose, juste pour moi. Ils ont fini par accepter.”

“Il y a une vraie recherche aromatique, souligne Guillaume. Les assemblages ne sortent que s’ils nous convainquent, et on n’hésite jamais à aller très loin. Le 29 est constitué de 29 ingrédients, d’où son nom, il est assez impressionnant, je trouve.”

Le patron du Vaporium prête attention à tous les détails. “Je ne vape jamais sur du super matériel, toujours des produits moyens. Mes employés ont tous la top box, le top atomiseur, moi pas. Parce que je considère que le liquide doit avoir un bon rendu sur le tout-venant. Comme je passe mon temps à tester des liquides, j’utilise mon matériel basique, partant du principe que si le rendu est bon sur un atomiseur lambda, il sera encore supérieur sur du matériel haut de gamme.”

Un succès solide

“On tourne en mode artisanal, souligne Guillaume. J’ai un commercial depuis deux mois, mais avant, c’était plus de la sérendipité, pour la commercialisation de mes liquides dans d’autres enseignes.”

Par exemple, le Petit Vapoteur : “Ils ont lu une revue en ligne sur un de mes liquides, ça a piqué leur curiosité, et ils m’ont demandé des échantillons. Ils ont fini par rentrer quelques liquides de la gamme, et ça fait quelque temps qu’on travaille ensemble maintenant.”

Le Vaporium est vendu dans une vingtaine d’enseignes en plus de la sienne. “À chaque fois, ça a été la même chose, une histoire de rencontres et de personnes avant tout.” Et c’est ce qui définit le Vaporium : un artisan qui travaille en équipe, et qui essaie de sortir de ses liquides la même harmonie qui règne dans son entreprise. Un artisan singulier et attachant, qui aime les mots compliqués et les caniches nains aux yeux fous.

La vape de Guillaume Thomas

Vapoteur depuis : 2013.

Setup préféré : Melo 5 et MVV2.

Liquide : quelque chose en test.

Taux : 5 mg/ml.

Consommation : 8 ml par jour.

Mr & Mrs Vape, créateurs d’émotions

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