Tout d’abord, direction la Dordogne, où Christophe Crédali, gère le réseau Vapo Smoke Today composé de 7 boutiques pour le moment. Des franchises sont en train de se créer. Il a commencé sur les marchés brocante en septembre 2013 et a ouvert sa première boutique en février 2014. Aujourd’hui, il a le projet d’ouvrir rapidement un bar à vape avec licence III, cet été probablement. “Ce sera plus un bar à vin, bière et vape. Le local qu’on a en vue fait 170 m² de superficie”, précise-t-il. Issu de la restauration, Christophe Crédali mûrit cette envie depuis plus de deux ans.
À son avis, “associer vape et bar fonctionne parfaitement bien. Je pense qu’un jour la cigarette de tabac viendra à disparaître et le bar tabac du coin deviendra en quelque sorte un vape bar. Il faut essayer d’anticiper ça et aussi s’armer face à la riposte des buralistes. Ça, c’est le côté visionnaire. Mais il y a aussi l’aspect “passionné” avec des vapoteurs qui aiment passer du temps en boutique et dont on n’a pas forcément le temps de s’occuper. D’ailleurs, la phrase qui revient souvent c’est : ‘c’est dommage qu’on ne puisse pas boire une bière sur place, c’est tout ce qui manquerait pour rester et être bien’.”
Travailler la déco
Malgré tout, la licence IV ne l’intéresse pas, il ne souhaite pas vendre tout et n’importe quoi en alcool. Il a envie que l’endroit soit “standing” et va travailler la décoration de l’endroit afin qu’il soit design. “Déjà que l’image de la vape peut être parfois abîmée, j’ai envie de montrer qu’on peut allier de belles choses”, explique-t-il.
Du côté de Marseille, Thierry Vian, gérant de L’incandescent, a ouvert son vape bar fin 2014. Précisons qu’il ne dispose pas de licence autorisant la vente d’alcool. Quand il a trouvé son local dans le 6e arrondissement, il venait de voir un vape bar à San Diego (Californie) sur Facebook. “J’ai voulu faire pareil ici et ça a été compliqué au début. Les Marseillais aiment bien savoir où ils mettent les pieds, ils ne comprenaient pas le concept et ils entraient et repartaient aussitôt. Aujourd’hui encore, ce n’est pas rentré dans les habitudes des vapoteurs locaux”, constate-t-il.
Thierry Vian a créé son vape bar pour la convivialité, pour que les gens puissent se poser, discuter. “Le but, c’était qu’ils se sentent à l’aise, surtout pour poser des questions”. À l’heure actuelle, le bar ne me rapporte pas grand-chose. “Ça marche quand on fait des vapéros, sinon ça représente environ 5 % du chiffre d’affaires. Sachant qu’on offre les cafés. Au départ on voulait prendre la licence IV, sachant qu’il n’y avait pas de licence III à vendre sur le marché, mais elle était trop chère, à environ 50 000 €”, précise-t-il.
“Il faut qu’on devienne les bars-tabac 2.0”
Mais il ne se décourage pas et espère développer le bar à l’avenir pour affronter la concurrence des buralistes. “Les bars-tabac arrivent très fort sur le marché et ils vont faire très mal en vendant les liquides à 3 €. Il faut qu’on devienne les bars-tabac 2.0, qu’on diversifie notre offre sinon l’avenir des magasins spécialisés va être très compliqué. Je pense que les boutiques qui vont rester vont être l’équivalent des cavistes pour le vin”.
Coffee shop et vape
À Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, House of Vapes, marque londonienne créée par Jonathan Cadeilhan, un Auvergnat parti travailler en Angleterre, a ouvert un vape bar orienté coffee shop. La boutique française est ouverte depuis l’année dernière. À sa tête, Jonathan Rault, responsable développement France de House of Vapes, est titulaire d’une formation barista (barman à l’italienne), et spécialiste des boissons café, thé et chocolat.
House of Vapes Clermont-Ferrand a décidé de mettre le paquet sur la partie coffee shop avec une machine à café professionnelle, du personnel formé pour proposer des cafés de qualité et des snacks originaux. Proposer aussi de l’alcool pourrait faire partie des futurs projets, mais cela pose de nouvelles problématiques au niveau des baux commerciaux, des nuisances, des horaires, des conventions collectives, etc. “Mais peut-être que sur de futures ouvertures, notamment sur Paris, House of Vapes demandera ou achètera une licence III et optera pour un concept à l’italienne avec du café la journée, puis l’ambiance change au niveau des lumières, de la musique avec un concept ‘“aperitivo’ avec les tapas et des alcools à moins de 20°”, projette Jonathan Rault.
“Le coffee shop n’est pas simplement un à-côté, il fait partie de la boutique et lui donne sa personnalité”
Du côté du chiffre d’affaires, la partie coffee shop n’est pas faite pour rapporter de l’argent mais elle ne doit pas en perdre. Elle doit amener les gens à rester un peu plus longtemps en boutique, amener la discussion autour des produits et faire découvrir l’univers du café aux clients, d’autant que Jonathan Rault en est totalement passionné. “Le coffee shop n’est pas simplement un à-côté, il fait partie de la boutique et lui donne sa personnalité. D’ailleurs, certains clients ne viennent que pour le café”, constate-t-il fièrement.
“il y a des clients fumeurs qui viennent boire un verre par hasard, qui s’informent sur la vape et qu’on peut suivre dans les premières heures d’arrêt du tabac”
Enfin, direction les Hauts-de-France et plus précisément le Pas-de-Calais où nous rencontrons Karim Dendane, gérant de Vapotithèque, qui a été l’un des premiers à posséder une licence IV en France avec le Vapor Lounge de Grenoble. “Quand j’ai ouvert la première Vapotithèque en 2013, les clients passaient des après-midi entières dans la boutique à discuter entre eux et partaient ensuite boire un verre dans des bars”, se rappelle-t-il, et ça lui a donné des idées. “Comme les passionnés de vape aiment beaucoup échanger, le concept de bar à vape s’y prête bien. D’autant plus qu’il y a des clients fumeurs qui viennent boire un verre par hasard, qui s’informent sur la vape et qu’on peut suivre dans les premières heures d’arrêt du tabac.”
Karim Dendane a acheté une licence IV pour proposer des cocktails alcoolisés lors des soirées. Mais la vente d’alcool lui a imposé certains investissements, notamment dans la disposition de ses boutiques. Dans celle de Liévin, il a changé la disposition des pompes à bière pour les mettre au fond du local afin que les clients accèdent d’abord à la partie cigarette électronique. À Béthune, la boutique et le bar ne communiquent que par un couloir. Pour éviter de voir la partie bar prendre le pas sur la partie cigarette électronique, Karim Dendane a travaillé la décoration et le style de ses boutiques, et de toute façon “l’esprit vape et les discussions des vapoteurs finissent par mettre mal à l’aise les clients de bar lambda”.
La création d’un vape bar demande de la superficie, du temps, des investissements financiers pour aménager l’espace, de la formation de personnel. Mais si vous en avez l’opportunité, c’est une chance d’augmenter et de diversifier vos sources de chiffre d’affaires pour vous armer face à la concurrence agressive des buralistes.
Comment obtenir une licence de débit de boissons ?
Pour obtenir votre licence de débit de boissons ou de restaurant, vous devez être titulaire d’un permis d’exploitation, délivré après une formation spécifique, et effectuer une déclaration préalable.
La formation Permis d’exploitation est d’une durée variable selon l’expérience de l’exploitant (entre 6 et 20 heures). Elle informe l’exploitant sur ses droits et obligations en matière de vente d’alcool. Ses enseignements portent notamment sur la prévention et la lutte contre l’alcoolisme, la protection des mineurs et la répression de l’ivresse publique, etc. À l’issue de la formation, vous recevrez une attestation valant permis d’exploiter pendant 10 ans.
Ensuite, il faut déclarer administrativement l’ouverture et faire une demande d’obtention de la licence de débit de boissons. La déclaration administrative doit être effectuée au moins 15 jours avant l’ouverture d’un nouvel établissement. Vous devez vous rapprocher d’un des organismes suivants :
- la mairie de votre commune ;
- la préfecture, si vous exercez votre activité dans les départements d’Alsace et de Moselle ;
- la préfecture de police, si votre activité est implantée à Paris.
Si ces organismes ne délivrent plus de licences de débit de boissons, il faudra alors en racheter une à un débit de boissons et, comme pour les licences de taxis, le tarif peut atteindre de petites fortunes.