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PG Industrie / Exaliquid “Petit mais costaud”

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A gauche, Michel Argouet, à droite, Olivier Passeri

Depuis le nord du Finistère, Exaliquid peaufine ses e-liquides depuis 2013. Bastion breton de la vape, ce fabricant brille par ses liquides issus de l’extraction aromatique de feuilles de tabac. Mais pas que… Ses dirigeants Olivier Passeri et Michel Argouet nous racontent tout.

Commençons par les présentations. Êtes-vous vapoteurs et, si oui, racontez-nous votre cheminement dans la vape…

Olivier Passeri : Au début 2013, Hervé Passeri, un membre de ma famille, m’a parlé de la cigarette électronique qui lui avait permis d’arrêter de fumer. Étant fumeur à l’époque, j’ai essayé et cela m’a convaincu sur le plan personnel dans un premier temps, mais aussi sur le plan professionnel par la suite.
Michel Argouet : J’ai commencé à entendre parler de cigarette électronique en 2012. Je me suis dit, en bon gros fumeur : “C’est quoi encore ce truc débile ? Une clope, c’est une clope”. Ce n’est qu’en 2013 que je m’y suis intéressé. Le décès de deux de mes amis les plus proches m’avait affecté et remis en question. Avec ma compagne Aline, nous sommes entrés dans une boutique à Brest, Thomas Cornec (de Cigatec) nous a longuement tout expliqué et conseillé, puis nous avons testé. Nous sommes repartis avec un kit eGo / Kanger Mini et des fioles de Guevara de House of Liquid en 18 mg/ml, un excellent macérat de tabac d’origine anglaise. Nous ne savions pas encore que nous avions fumé nos dernières clopes ce jour-là. C’était assez incroyable, nous étions pourtant des fumeurs accros avec plus d’un paquet fumé par jour ! Et là, du jour au lendemain, nous avons switché aussi facilement que ça. Ensuite, j’ai dévoré pendant des mois tout ce que je pouvais trouver comme informations sur la vape, je voulais tout comprendre tellement ça me semblait révolutionnaire. C’est devenu une évidence et une passion. Et puis c’est allé très vite avec les projets puis ma rencontre avec Olivier.

Au Vapexpo Paris de 2014, j’ai vu un drapeau breton flotter sur un stand, j’y suis allé tout droit

Michel Argouet

Quand vous êtes-vous rencontrés ?

M. A. : Au Vapexpo Paris de 2014. J’ai vu un drapeau breton flotter sur un stand, j’y suis allé tout droit. J’étais en pleine recherche sur la manière de produire les liquides que j’étais en train de créer. Le courant est passé tout de suite avec Olivier et nous nous sommes revus très vite à Carantec, car nous sommes voisins. L’idée de nous associer est rapidement devenue une évidence, tant nous étions complémentaires et passionnés.

Quand et pourquoi Olivier Passeri a-t-il fondé PG Industrie / Exaliquid ?

O. P. : Travaillant dans l’industrie pharmaceutique, j’ai étudié la faisabilité avant de créer, de fabriquer et de commercialiser des e-liquides. Fin 2013, le Laboratoire Groupe PG Industrie et la marque d’e-liquides Exaliquid étaient créés. Dès le début, je me suis entouré d’une équipe professionnelle compétente pour répondre aux exigences des clients et améliorer en continu la qualité de nos produits avec un investissement conséquent dans du matériel de production conforme aux exigences des BPF (bonnes pratiques de fabrication, ndlr). Ma devise, c’est “Pour pouvoir vendre un bon produit, il faut savoir le fabriquer”. Notre site industriel est dédié uniquement aux formes liquides avec des outils industriels à la pointe de la technologie, et est déclaré à la DGCCRF sous le N° code EMB 29023B.

Quelles sont vos formations et dans quels univers professionnels évoluiez-vous avant de fonder votre société ?

O. P. : Je suis de formation commerciale et financière avec une expérience diverse et variée de 30 ans dans l’industrie pharmaceutique, cosmétique et diététique. J’ai commencé ma carrière à la production, puis j’ai été chef de produits, commercial, directeur commercial et, pour finir, directeur général.
M. A. : Pour ma part, j’ai une formation commerciale et technique. J’ai eu un parcours éclectique, directeur associé dans un groupe de presse parisien, puis ingénieur marché public pour une entreprise de mobilier de collectivité. J’ai également créé une entreprise de conseil dans le domaine commercial.

Comment a débuté votre collaboration ?

M. A. : Comme je l’ai dit précédemment, le courant est passé tout de suite avec Olivier. De plus, l’univers de la vape bougeait très vite, mais notre complémentarité nous a boostés. En 2015, j’ai créé la gamme PemP, cinq liquides bretons, un style sobre, des saveurs originales en 50/50 alors que la gamme Exaliquid était à l’époque, en 2015, en 80 % de PG. Dans la foulée, j’ai travaillé sur les AbsoluTo qui sont sortis en 2016. Par ailleurs, Olivier m’a tout appris sur la production et les différents process.

En interne, comment vous partagez-vous les rôles ?

M. A. : Nous formons un binôme très complémentaire. Je m’occupe de tout ce qui est produits, labo, marketing. Tandis qu’Olivier est plus concentré sur la gestion, la compta, les achats, les ventes. Pour le côté commercial, c’est l’un ou l’autre, selon les disponibilités ou le relationnel.

Il nous manque un ‘faire savoir’ mais nous y travaillons avec une agence de communication

Michel Argouet

Comment définissez-vous l’identité de votre société ?

O. P. : Notre site de production et nos outils performants confèrent à notre laboratoire un haut degré de technicité et de réactivité pour fabriquer et conditionner nos gammes d’e-liquides.
M. A. : De mon côté, je serais tenté de dire “petit mais costaud”. Plus sérieusement, c’est une question à laquelle nous tentons de répondre. Nous avons un savoir-faire, des valeurs, de la rigueur, mais il nous manque un “faire savoir” sur lequel nous sommes en train de travailler avec une agence de communication.

Quelle est la première gamme lancée par PG Industries ?

O. P. : C’est la gamme Exaliquid en 80/20 en 2014, elle est composée de saveurs classiques et fruitées avec un look très pharmaceutique.

Avez-vous rencontré des difficultés à l’époque ?

O. P. : Oui, en 2015, la gamme exaliquid a souffert face à une évolution extrêmement rapide et dynamique du marché. L’arrivée des liquides en 50/50, le packaging, le marketing, tout a évolué vers un look plus cool. Exaliquid avait une image trop pharma et peu séduisante. Il nous a fallu revoir notre image et nos formules.

Le labo c’est le cœur d’Exaliquid, c’est là où tout commence

Olivier Passeri

Quel est le processus de création d’un e-liquide PG Industries ?

M. A. : Olivier vient de l’industrie pharmaceutique, comme je l’ai dit c’est son ADN, tout est mis en procédure, analysé contrôlé, tracé. J’y ai apporté de la créativité car mon ADN c’est la création, la curiosité. Je suis toujours à l’écoute de ce qui se passe, la création des saveurs se nourrit d’échanges, de partages, de dégustation dans un cercle amical de professionnels et de consommateurs passionnés. Le plus difficile est de faire des choix. Il arrive qu’une idée n’aboutisse pas ou que le résultat soit décevant. Avant de sortir un liquide, je le teste pendant des semaines. Dans cette période, je vais affiner la recette et l’équilibre des saveurs. Ça peut prendre des mois avant que nous nous décidions à le sortir.

Possédez-vous votre propre labo ? Concernant les saveurs, créez-vous vous-mêmes les arômes ou faites-vous de l’assemblage ?

O. P. : Oui, le labo c’est le cœur d’exaliquid, c’est là où tout commence concrètement. Effectivement, nous créons autant que possible nos arômes à partir de matières premières dans la mesure où ce que nous désirons n’existe pas à notre connaissance. C’est le cas pour les AbsoluTo. Mais l’assemblage est tout aussi important, nous sommes très rigoureux sur le choix de nos fournisseurs d’arômes. Le processus de création sur le plan gustatif est une chose, l’analyse des composants et de leur interaction en est une autre, tout aussi importante.

Concernant la partie sanitaire, qu’est-ce qui garantit le côté “safe” de vos liquides ?

M. A. : Nous appliquons les BPF initiées par Olivier, qui maîtrise ces procédures issues de son expérience dans l’industrie pharmaceutique. Nos process de sélection et de traçabilité sont très rigoureux. Chaque action entrant dans la mise en œuvre des liquides est détaillée dans un dossier de fabrication et de conditionnement, puis archivé ensuite. Pour la nicotine pure, nous nous fournissons uniquement chez Alchem, la référence dans ce domaine. Le propylène et la glycérine végétale que nous achetons sont toujours de qualité pharmaceutique et contrôlés. Nos fournisseurs sont tous sélectionnés avec soin selon des critères précis. L’expérience d’Olivier dans le milieu pharmaceutique est inscrite dans l’ADN d’Exaliquid. Nous n’achetons jamais de lots de matières premières déclassés ou à date courte. Mais avant toute mise en œuvre, il y a une volonté forte. Nous vapons quotidiennement nos produits et il est hors de question de déroger en quoi que ce soit sur la qualité de ce que nous produisons.

En 2020, avec la Covid, la demande en fioles d’AseptiVape a explosé de manière exponentielle

Michel Argouet

En 2016, vous créez AseptiVape. Décrivez-nous ce produit… Où en est cette aventure aujourd’hui ?

M. A. : L’idée de l’AseptiVape est née en 2016. Début 2018, la première fabrication a vu le jour. À l’époque, il y avait de nombreux vapéros, c’était vraiment sympa et fréquent. Les discussions autour de la vape étaient riches ; que ce soit au niveau du matériel ou des liquides, c’était un moment d’échange et de partage formidable. Les setups circulaient de bouche en bouche. Au début, on changeait de drip tip à chaque échange, et puis ça se relâchait en fin de soirée. Je me suis dit que ce serait une bonne idée d’inventer un spray qu’on aurait dans la poche pour mettre un peu d’hygiène au bout de nos drip tips. Il a fallu du temps pour mettre la formule en œuvre, sans goût, sans odeur, safe pour les muqueuses buccales, bactéricide, fongicide, virucide. Pas si simple. Trouver la fiole et le spray qui conviennent… C’était un gros boulot, mais on l’a fait – Olivier est redoutable pour le sourcing – et nous en sommes très fiers. L’AseptiVape a rencontré un succès bien sympathique. Puis est arrivé 2020 avec le coronavirus qui a confiné le monde… Et soudain, la demande en fioles d’AseptiVape a explosé de manière exponentielle. Dans un contexte d’incertitudes, de pénurie, tout le monde cherchait une solution mobile, nous l’avions. Nous avons légèrement modifié la formule en augmentant le titre d’alcool (70°) pour renforcer l’action virucide face à la Covid. Nous avons installé une nouvelle chaîne de production pour répondre à la demande, et ce malgré 3 personnes en arrêt. Nous avons ensuite conçu une borne sans contact à l’intention des commerces, un diffuseur autonome, livré avec 6 litres d’AseptiVape (12 000 passages) avec une garantie de réassort en produit. C’est une grosse logistique et un beau succès, bien que nous ayons été débordés.

Aujourd’hui, combien de gammes commercialisez-vous ? Comment définissez-vous l’identité de vos marques ?

M. A. : Nous produisons 4 gammes. D’abord AbsoluTo. Ils connaissent un succès croissant. Ce sont 9 liquides originaux à base d’extrait naturel de feuilles de tabac, en 0, 3, 5, 10, 12 et 18 mg/ml de nicotine et bientôt en grand format chubby 50 ml, à la demande de nombreuses boutiques. C’est une gamme pensée pour les fumeurs.

Exaliquid est notre gamme historique. Elle comporte 10 liquides, dont 3 classiques, 2 menthes, 4 fruités et 1 gourmand. Elle est conditionnée en 10 ml et en chubby 50 ml. En fait il y en a plus, mais la gamme est en cours de restructuration.

PemP, c’est la gamme que j’ai créée en 2015, ce sont 5 jus originaux et complexes aux couleurs de la Bretagne. (PemP veut dire “5” en breton, en référence aux 5 départements bretons). Certains sont passés dans la gamme Exaliquid, d’autres ont été arrêtés faute de succès… Originalité ne veut pas dire succès commercial. Cette gamme est en cours de restructuration également, cependant les concentrés originaux restent toujours disponibles à la vente sur notre site.

Nicoil, c’est notre gamme DIY avec des boosters de nicotine, un des kits de base 200 ml en 3, 6, 9 et 12 mg/ml, en 50/50 et 30/70. Nous commercialisons aussi de la base au litre en 50/50, 30/70 et en 100 % VG.

AbsoluTo nous a demandé deux ans d’effort

Michel Argouet

Revenons sur AbsoluTo, comment est élaborée chimiquement cette collection ?

M. A. : J’ai commencé la vape en 2013 avec des macérats, mon préféré c’était le Guevara El Toro de House of Liquid en 18 mg/ml. Un jus anglais. Un coup de cœur qui m’a permis de passer à la vape du jour au lendemain. C’était incroyable ! Seul problème, c’est un tueur de coils, comme la plupart des macérats. C’est là que j’ai appris très vite à refaire des résistances de Kanger Mini, pour passer au reconstructible dans la foulée. Je le dois à ce liquide. Après la sortie de la gamme PemP, j’ai commencé à travailler sur les macérats, j’ai étudié quelles étaient les alternatives à cette technique complexe à mettre en œuvre. Je cherchais un moyen de préserver les résistances, avec le goût du tabac le plus authentique possible. Je me suis alors demandé s’il était possible de créer un arôme naturel de tabac et comment le fabriquer. Il a fallu étudier les différentes techniques d’extraction, faire de nombreux essais, des analyses, essuyer de nombreux échecs et recommencer. Nous avons finalement trouvé la solution au bout de 2 ans d’efforts, avec une technique de chromatographie sur colonne. En résumé, séparer et purifier pour obtenir les composants aromatiques. Le cahier des charges a été rempli au-delà de nos espérances, les AbsoluTo sont un succès.

Quels sont vos best-sellers ?

M. A. : Le patron c’est el Regular, puis vient ensuite el Grande et, enfin, plus récent, le Regular light qui monte très vite et qui va finir par talonner el Regular. Hors AbsoluTo, c’est la Kryonite qui cartonne, une menthe ultra-forte. Cette dernière m’a été demandée par des shops. Personnellement, je n’y croyais pas. C’est un liquide vraiment très puissant, ce n’est pas ma vape. Cependant, je me suis mis au boulot et la Kryonite est sortie… Ça a été un succès immédiat et inattendu pour moi. Comme quoi, il faut vraiment rester attentifs et ne pas se fier entièrement à son propre goût. Il y a aussi le Kaaraboss, un caramel au lait, plus doux et moins écœurant que le traditionnel caramel au beurre salé.

Avez-vous connu des flops ?

M. A. : Oh oui… Il y a des liquides auxquels je croyais mais qui se sont vendus de manière confidentielle. D’ailleurs cette question me fait réfléchir sur le pourquoi du flop. Soit le liquide n’est vraiment pas bon… OK, pourquoi pas, mais c’est relatif au goût de chacun. Ou bien, nous n’avons pas su le vendre, le mettre en avant correctement. Je serais bien tenté de pencher pour la deuxième option… Mais quand je regoûte certains jus que j’ai créés au début, je me dis qu’il y a eu du chemin parcouru quand même. J’ai appris quelque chose : l’originalité ne garantit pas le succès commercial.

Les sels de nicotine atténuent le hit, est-ce finalement une bonne chose ? Je me pose la question

Michel Argouet

Est-ce que des gammes au CBD et aux sels de nicotine font partie de vos projets ?

O. P. : Nous avons formulé et fabriqué du CBD pour une marque française. Depuis, ce n’est plus le cas et nous n’avons pas souhaité prolonger l’expérience en créant notre propre gamme. Je n’ai pas vraiment d’affinité avec ces produits, sans pour autant critiquer, mais je préfère me concentrer sur la vape pure. Pour ce qui est des sels de nicotine, je ne cacherai pas ma réticence vis-à-vis de ce type d’e-liquide. Nous avons travaillé sur différentes formulations, étudié différents types de sels de nicotine et les acides qui les composent pour en arriver à une conclusion qui n’engage que notre propre expérience. C’est non pour le moment. La mise au point de liquides aux sels de nicotine est plus complexe que l’on peut l’imaginer au premier abord. Nous préférons orienter ce temps de recherche et développement vers la conception et l’amélioration de liquides traditionnels.
M. A. : Pour aller plus loin, et donner mon opinion, ce qui me gêne en tant que vapoteur dans les sels de nicotine, c’est l’atténuation du hit, même à 20 mg/ml. Le hit fait partie de l’expérience du vapoteur, il répond à un besoin de sensation en gorge que l’on connaît avec la cigarette. Mais c’est aussi un signal en corrélation avec la concentration de nicotine absorbée. Les sels de nicotine atténuent cette sensation, est-ce finalement une bonne chose ? Je me pose la question.

Quels sont vos réseaux de distribution en France et à l’étranger ?

O. P. : Nous distribuons nos produits directement aux boutiques sur l’ensemble du territoire via un site pro. Pour le moment, nous concentrons nos efforts sur le marché français, sur lequel nous avons encore une belle marge de progression. Nous avons cependant quelques clients directs dans différents pays de la communauté européenne.

Une normalisation Afnor est-elle dans vos projets ?

M. A. : Oui bien sûr, bien que nous ayons des critères de fabrication et de production parfaitement compatibles avec les normes Afnor, nous sommes conscients que nous avons atteint certaines limites qui passent par la mise en service d’un nouveau laboratoire plus important. En fait, c’est l’ensemble des process qui va être revu dans un espace 4 fois plus grand. Nous souhaitions appliquer la norme Afnor au sens le plus large du terme, mais la crise sanitaire a retardé nos projets. Depuis 2013, nous appliquons les BPF initiées par Olivier, qui maîtrise ces procédures issues de sa longue expérience dans l’industrie pharmaceutique. Il a travaillé 20 ans chez Mercurochrome, laboratoire EPA ou LDM santé (dispositifs médicaux, médicaments destinés aux milieux hospitaliers).

Plus on rajoute à la complexité d’un liquide, plus on augmente le risque de trouver des molécules potentiellement nocives pour nos poumons

Olivier Passeri

Utilisez-vous du sucralose dans vos recettes ?

O. P. : Non. D’abord parce que notre spécialité ce sont les saveurs tabac les plus authentiques possible, lesquelles ne nécessitent pas d’être édulcorées, bien au contraire.
Ensuite par choix. En effet, nous partons d’un postulat de base qui consiste à ne pas charger un liquide plus que notre cahier des charges initial ne nous le permet. Plus on rajoute à la complexité d’un liquide, plus on augmente le risque de trouver des molécules potentiellement nocives pour nos poumons. Pour le dosage en arôme, nous appliquons le même principe, trouver le meilleur équilibre gustatif avec le moins d’arôme possible. Ce cahier des charges établi en 2013 était très similaire à ce que l’on retrouve dans la norme Afnor actuellement.

L’avenir ira peut-être vers une forte concentration des acteurs

Olivier Passeri

Quelle est votre vision du marché français de l’e-liquide ?

M. A. : C’est un marché extrêmement dynamique et créatif, il s’est construit dans un contexte d’incertitude permanent. Et ce n’est pas fini, on s’interroge sur ce que sera la nouvelle TPD. Comment cette nouvelle réglementation va-t-elle nous impacter ? Le rapport SCHEER en vue de la révision de la TPD ne nous rassure pas, que ce soit en termes de restriction des produits de la vape (interdiction de certains arômes) ou de surtaxation (taxe d’accise sur les produits de la vape). Il s’agit d’un rapport d’opinion rendu public le 23 septembre 2020, il est certes préliminaire et non définitif, mais en aucun cas rassurant.

Cette situation déstabilisante et incertaine, nous l’avons hélas toujours connue. Elle a cependant créé une très forte adaptabilité dans le milieu professionnel de la vape. On assiste à une professionnalisation rapide, impressionnante pour certains poids lourds de la vape. Beaucoup de moyens sont mis en œuvre pour rassurer les consommateurs, les autorités sanitaires, les médias. Cela passe par la norme Afnor bien sûr, mais aussi par des initiatives privées remarquables, afin de proposer des liquides chimiquement irréprochables sans pour autant être fades.
O. P. : L’avenir ira peut-être vers une forte concentration des acteurs. Des fabricants pourraient s’associer ou fusionner pour atteindre une taille plus importante. Il nous semble percevoir que la mise sur le marché d’e-liquides va certainement être de plus en plus complexe et coûteuse. Les marques émergentes qui ne pourront s’adapter aux contraintes futures risquent fort de souffrir ou de disparaître.

Quelle est votre position vis-à-vis de la vente d’e-liquides chez les buralistes ?

M. A. : C’est un sujet récurrent et très débattu. Il y a ceux qui sont contre, mais vraiment contre, un des arguments qui revient souvent c’est : “On ne peut pas vendre le remède à côté du poison”. Si c’est par pur opportunisme ou cynisme, je le comprends. Il y a ceux qui s’y sont essayés, là encore c’est un sujet intéressant à développer. Je pense qu’il y a eu beaucoup de fantasmes, 25 000 buralistes ça peut faire rêver certains chefs d’entreprise en termes de potentiel et d’opportunité. Mais pour ce que j’en sais, c’est plutôt une déception finalement. Les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des espérances. La vape n’est pas un produit comme les autres, cela demande de l’expérience, une pratique assidue, du temps, beaucoup de temps. Un buraliste classique n’a pas ce temps, c’est juste un constat : en marge du tabac les buralistes proposent aussi de nombreux services. De ce point de vue, la vape se résume trop souvent à un présentoir un peu triste coincé entre les jeux à gratter et les chewing-gums. On y trouve des classiques, des menthes, du fruit rouge… en 80 % de PG généralement et vendu pas cher. Bof. Soyons honnêtes ça ne peut pas le faire, la vape ce n’est pas ça. Il n’est pas concevable pour nous de voir nos produits en vente dans ce contexte. J’ai des amis buralistes, j’ai été fumeur, je ne m’en cache pas, ce n’est pas honteux, bien qu’on me l’ait reproché. Le plus drôle c’est qu’ils ne sont même pas clients, mais bon, passons. Pour moi, la valeur intrinsèque d’un individu passe avant sa profession, je ne renie pas mes amitiés. Dans ce milieu des buralistes, j’ai rencontré quelques authentiques vapoteurs passionnés qui ont développé des rayons vape assez conséquents, d’autres ont carrément ouvert un shop dédié à la vape et sont vraiment compétents. Cela m’a amené à réfléchir, doit-on ostraciser ou blâmer des buralistes qui ont compris l’intérêt de la vape, eux-mêmes vapoteurs, ou bien les accompagner avec bienveillance dans leur mutation ? Je parle bien de mutation, pas d’opportunisme du double jeu gagnant clope/vape. Il est clair que c’est du cas par cas, que cela demande du discernement et un engagement sincère de part et d’autre. Ce cheminement, je l’ai fait sur le terrain, au contact de ces personnes, je les connais personnellement, ils portent des valeurs et j’ai envie de les accompagner parce qu’ils le méritent.

Soit [Big Tobacco] détruit [la vape], soit ils la maîtrisent. À mon avis, ils sont sur les deux positions

Michel Argouet

Voyez-vous la présence de plus en plus importante de Big Tobacco dans la vape comme un avantage ou un inconvénient ?

O. P. : L’industrie du tabac c’est une machine de guerre, avec des moyens considérables, qui ne fonctionne que sur des rapports de force et à grande échelle. Le tabac en France c’est 15 milliards de taxes pour 19 milliards de chiffre d’affaires en 2019, sauf erreur de ma part. Qui a le plus à perdre ? L’État français ne peut pas se passer de cette manne, avec la crise sanitaire, c’est encore plus tendu. On ne va pas se raconter d’histoire, c’est une question de chiffres avant d’être une question de santé. C’est tragique car le tabac est responsable de 78 000 morts chaque année.
M. A. : La vape est un danger qu’ils ont sous-estimé au départ, ce n’est plus le cas. Soit ils la détruisent, soit ils la maîtrisent. À mon avis, ils sont sur les deux positions, détruire la vape dite libre (notre marché tel qu’on le pratique). Ce sont des experts du lobbying, ce sont des experts en stratégie, pour ne pas dire duplicité. C’est un long travail coûteux, ils n’ont pas d’état d’âme et n’ont pas la même échelle de moyens que nous. On voit comment ils procèdent aux États-Unis. C’est écœurant. Ce qui s’est passé avec Juul est catastrophique, on en voit les conséquences. Notre philosophie de la vape, c’est de sortir les fumeurs de l’enfer qui les enchaîne et les tue. Nous avons été fumeurs, nous avons tous payé le prix fort de la souffrance, du deuil parmi nos proches, nos amis. Notre finalité est, et restera, bienveillante, c’est gravé dans notre conscience. C’est notre force. L’objectif de Big Tobacco c’est de vendre de la dépendance et de s’enrichir quel qu’en soit le prix. Leurs objectifs sont financiers avant tout.

Comment avez-vous traversé la crise sanitaire de la Covid-19 ? Comment en avez-vous atténué les effets ?

M. A. : Sur le plan personnel, la stupeur. Tout s’est emballé et a basculé dans le confinement tellement vite. Comme tout le monde, nous avons été sceptiques au début, puis sidérés de voir la panique s’installer. Les hôpitaux saturés, les gens en réanimation, les décès et ensuite voir le monde s’arrêter dans un processus de confinement inimaginable quelques jours avant. Sur le plan professionnel, il nous a fallu faire face immédiatement. Le personnel était confiné à la maison avec les enfants, nous avons dû faire face pour honorer les commandes de nos clients. Olivier et moi-même nous sommes mis à la production 12 heures et plus par jour, 6 jours par semaine. Nous avons tenu bon, pour maintenir le bateau à flot, pour nos clients, pour nos employés. Nous ne savions pas combien de temps tout cela allait durer, quelles allaient être les conséquences à terme.
O. P. : L’AseptiVape a connu une flambée à cette période, ce qui nous a permis de conquérir de nouveaux marchés au-delà de la vape. Peu à peu, tout le monde est revenu au travail, en respectant des mesures sanitaires strictes, nous étions heureux de nous retrouver. Nous avons pris conscience de la chance d’être tous en bonne santé, de pouvoir continuer à travailler et d’aider les gens du mieux que nous pouvons autour de nous. Nous sommes quand même inquiets pour la suite, nous ne savons rien de l’avenir, de ce qui peut arriver… D’autres confinements plus localisés, des mesures plus strictes ? Nous pensons à tous les commerçants qui souffrent, les bars, les restaurants, les shops, les indépendants, les salariés au chômage. Cette crise sanitaire est d’une violence inouïe pour beaucoup de gens. C’est terrifiant.

Début 2021, nous serons dotés d’un nouveau bâtiment de 800 m²

Olivier Passeri

Pour finir, quels sont vos projets à venir ?

O. P. : Tout d’abord, début 2021, nous serons dotés d’un nouveau bâtiment de 800 m² évolutif, dans lequel nous allons pouvoir regrouper l’ensemble de nos activités. Actuellement nous avons 3 sites différents, le siège administratif avec les expéditions, le labo, le dépôt de stockage. Heureusement, ces bâtiments ne sont pas très éloignés les uns des autres, mais c’est une contrainte en termes d’organisation. Nous allons aussi déployer un plan de communication plus pointu. Nous avons choisi l’agence Ludys à Brest, nous les connaissons bien depuis longtemps et ce sont des vapoteurs. Nous avons un savoir-faire, il nous fallait un professionnel pour le “faire savoir”.
M. A. : Avec 3 nouveaux goûts, la gamme AbsoluTo passe à 9 liquides. Nous maintenons la production du 18 mg/ml, laquelle va aussi accompagner une offre de chubby 50 ml sur toute la gamme AbsoluTo. Avec 50 ml en zéro accompagnée d’une fiole de 10 ml en 18 mg/ml dans un étui. Courant 2021, il y aura aussi une refonte de la gamme Exaliquid, avec de nouvelles saveurs, aussi disponibles en grand format sur le même modèle que les AbsoluTo.
Voilà pour les grandes lignes, mais il y a d’autres surprises dans les tiroirs.

Exaliquid, la team

Exaliquid ne se résume pas seulement à Michel Argouet et Olivier Passeri. C’est aussi toute une équipe qui travaille et participe à la réussite de l’entreprise. Revue d’effectif.

Aline Aubry, graphiste et muse

Logo, affiches, étiquettes, publicités et publications, c’est elle. Toujours fidèle au poste, Aline Aubry ne compte pas ses heures pour répondre à toutes les demandes impossibles ou urgentes. Scoop, c’est aussi Madame Argouet. Liquides préférés : un DIY de noisette et, depuis peu, l’el Frimo.

Yann Lominé, chef de production, mais bien plus encore

Le maître des bouteilles, il conditionne plus vite que son ombre. Avec lui pas de rupture de stock, il gère, pas la peine de lui dire… c’est déjà fait. Liquide préféré : le Chouchou.

Hervé Mengin, SEO et lignes de code

Exaliquid est connu jusqu’en en Amazonie grâce à lui. Personne n’a jamais compris comment il fait, mais lui le sait. Liquide préféré : un savant mélange de Regular et de Ninio.

Magali Quéhau, multi-woman

Au téléphone, aux prépa commandes, un coup de main au labo, Magali Quéhau est partout. Désormais en shop, elle vend… des AbsoluTo. Toujours OK pour un fou rire, avec elle ça décoiffe ! Liquide préféré : aime bien changer souvent, mais gros coup de cœur pour el Misterio.

Louis Lamy, globe-trotter et responsable de stand Vapexpo

Celui qui assure une présence quoi qu’il arrive, qui accueille, renseigne, inlassablement et toujours avec le sourire. Liquides préférés : le Red Addict, le Lucy Holl et le Kaaraboss.

La vape de Michel Argouet

Vapoteur depuis : 2013.
Setup actuel : Aegis Max de Geek Vape, Scribe méca de Sébastien Lavergne avec un Flash e-Vapor V4.5S.
Liquides préférés : el Frimo, el Misterio, Blizz, et la prochaine création… forcément.
Taux de nicotine : entre 3 et 5 mg/ml, selon le liquide.
Consommation quotidienne : de 10 à 15 ml environ, développement de liquide inclus.

La vape d’Olivier Passeri

Vapoteur depuis : 2013.
Setup actuel : Therion DNA166 de Lost Vape avec un Flash e-Vapor.
Liquides préférés : el Regular, el Misterio.
Taux de nicotine : 18 ou 15 mg/ml.
Consommation quotidienne : 2 ml.

PG Industries / Exaliquid en chiffres

Croissance du chiffre d’affaires en 2019 : +35 %.
Nombre de salariés : 6 plus 2 en cours de recrutement.
CDI créés en 2019 : 2.
Superficie du local : 350 m² actuellement, 800 m² en cours.
Capacité de production : 3 lignes de conditionnement. 19 000 fioles jour en pleine charge.
Nombre de points de vente en France : 600 environ.
Nombre de références au catalogue : 120 références.
Présence internationale : en cours de développement.

PG Industries / Exaliquid en dates

Création de la société : 2013.
1ers e-liquides : le Brest en 2013, un tabac brun toujours au catalogue.
Commercialisation d’AseptiVape : 2018.
1ers concentrés : 2015 avec la gamme PemP.
1ers chubby : 2017 avec des liquides de la gamme PemP Exaliquid.

Cigaretteelec : le petit site qui monte !

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