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Canada : risque d’interdiction des saveurs et vente sur prescription en pharmacie

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Après que la presse canadienne a emboîté le pas pour relayer maladroitement les nouvelles en provenance des États-Unis, voilà que la désinformation et la panique généralisée contaminent les élus partout à travers le Canada. C’est un fait notoire et maintenant reconnu par la principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont clarifié la situation en annonçant que le vapotage traditionnel n’est pas la cause de la série de cas de pneumonies lipidiques ayant mené à de nombreux décès.

Les antivape s’en donnent à cœur joie

Mais voilà, entre la confirmation par le CDC et l’apaisement de la psychose sociale générée par la désinformation, un climat très malsain s’est instauré au Canada. Différents groupes de pression ont profité de l’occasion pour pousser au paroxysme l’incompréhension et la peur, et ainsi radicaliser une partie de l’opinion publique contre la vapoteuse. C’est le cas des journaux télévisés, des émissions de radio à grande écoute, de la presse écrite et électronique et des organismes tels que la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, qui est bien connue pour sa rhétorique antivapotage.

D’une perception de l’opinion publique où vapoter semblait, somme toute, “un peu mieux” que fumer (même si dans les faits, le vapotage est traité comme un produit du tabac), nous en sommes arrivés à un point où la population craint le vapotage au même titre que la cigarette. Lire ou entendre que “vapoter = fumer” n’est même plus surprenant dans la sphère canadienne.

Les gouvernements sous pression

Le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux à travers le Canada, qui étaient déjà sous la pression médiatique d’une pseudo-crise de vapotage chez les adolescents, ont donc commencé à subir une nouvelle pression générée par les cas de maladies pulmonaires associées au vapotage (EVALI) en provenance des États-Unis et relayés en masse par les médias.

À cela s’est aussi ajouté le rôle des autorités sanitaires provinciales et territoriales du Canada, qui ont été chargées d’enquêter sur les cas possibles. Celles-ci ont rapporté quatre patients qui présentaient des symptômes respiratoires seulement (souffle court, toux) et dix autres présentant une combinaison de symptômes respiratoires, gastro-intestinaux et constitutionnels, comme de la fièvre ou une perte de poids. Tel qu’on peut le remarquer, ces cas confirmés ne sont pas diagnostiqués en tant que pneumonies lipidiques, on parle davantage de symptômes pouvant être associés à une maladie pulmonaire où une infection pulmonaire a été écartée. Soulignons que la santé publique au Canada a pris soin de préciser que ce que les usagers avaient vapoté est considéré comme une information autodéclarée qui n’a pas été validée.

Au cœur de la crise de désinformation et en se basant sur le bilan de 14 “cas confirmés” au Canada, les gouvernements provinciaux ont cherché à se montrer préoccupés et proactifs pour endiguer le “problème” du vapotage chez les jeunes, qui s’accompagnait maintenant en trame de fond de supposés cas de maladies pulmonaires liés au vapotage.

Blizzard de mesures antivape dans certains États

Dans la cacophonie du bruit de fond de panique et face à la peur dans l’opinion publique, plusieurs provinces sont passées à l’action. Le 5 novembre, c’est la Saskatchewan qui a ouvert le bal. N’ayant pas encore de loi encadrant le vapotage, elle passe timidement à l’action en adoptant un projet de loi qui permet la régulation visant à restreindre la vente de produits aromatisés, définir les lieux de vente autorisés, la publicité, et elle songe à la taxation. Le 14 novembre, c’est au tour de la Colombie-Britannique, qui fut la première province à adopter un projet de loi plus restrictif en mettant en place une série de mesures restrictives qui entreront en vigueur au printemps 2020.

Parmi ces mesures, ils vont limiter la proportion de nicotine à 20 mg/ml, des emballages neutres comprenant des mises en garde pour la santé, une forte réglementation de la publicité dans les arrêts d’autobus et les parcs où se trouvent souvent des jeunes, l’augmentation de la taxe sur les produits de vapotage de 7 à 20 %, et l’impossibilité de vendre des produits aromatisés sauf dans les magasins interdits aux moins de 19 ans.

Puis le 5 décembre, le bal se poursuit, la Nouvelle-Écosse passe à l’action de façon encore plus agressive et devient la première province à interdire complètement la vente des e-liquides aromatisés. Quelques heures plus tard, l’Ontario annonce son intention d’interdire la vente de produits aromatisés, de regarder les taux de nicotine, les endroits où les produits de vapotages peuvent être vendus, et souhaite que toute publicité soit interdite dans la province. Dans la mouvance antivapotage, l’Île-du-Prince-Édouard se démarque le 22 novembre avec un projet de loi ayant franchi une troisième lecture et qui interdirait certains arômes d’e-liquides, restreindrait les lieux de vente, et ferait passer l’âge légal pour fumer du tabac et vapoter de 19 à 21 ans alors que la consommation de cannabis demeure légale à partir de l’âge de 19 ans. On y a aussi évoqué la possibilité d’inclure de nouvelles taxes sur les produits de vapotage.

Le Québec au cœur de la tempête

Si toutes les mesures semblent extrêmes pour encadrer de façon démesurée le vapotage, cela n’est rien en comparaison de l’approche qui a été annoncée le 25 novembre par le gouvernement du Québec. La ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, formera un “groupe spécial d’intervention” piloté par le directeur national de santé publique, Horacio Arruda. Une source gouvernementale évoque l’interdiction des cigarettes électroniques aromatisées en vente libre, la limitation à quelques arômes triés sur le volet (sans doute les saveurs de tabac), les produits de vapotage offerts uniquement en pharmacie et accessibles seulement à ceux qui ont une ordonnance dans le cadre d’une démarche pour essayer d’arrêter de fumer le tabac.

Si ces mesures vont de l’avant et sont adoptées, c’est toute l’industrie du vapotage au Québec qui va s’effondrer. Ce sont plus de 2 000 emplois qui sont à risque, mais avant tout la vie des milliers de fumeurs et de vapoteurs adultes qui ont écrasé la cigarette pour une alternative qui vise la réduction des méfaits du tabac. Qui, parmi les adultes qui vapotent, va remettre en question l’importance du rôle de leur choix de saveurs dans leur expérience du vapotage ? Cette variable ne semble pas être prise en compte par le gouvernement du Québec quand il parle de les interdire. Même chose avec la variable de l’accessibilité à une vapoterie de proximité et d’un spécialiste en vapotage pour lui apporter les réponses dont il a besoin pour bien réussir sa transition.

Mais n’oublions pas que, contrairement au Royaume-Uni où les vapoteries jouent un rôle de premier plan de pair avec la santé publique, au Québec elles n’ont pas le droit de fournir d’information technique ni de donner la parole à la science. Pire encore, le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, responsable du “groupe spécial d’intervention”, refuse catégoriquement d’ouvrir un dialogue avec les vapoteries. C’est donc face à une absurdité sans équivoque et une fermeture d’esprit déplorable que l’Association québécoise des vapoteries se lève une fois de plus pour faire entendre la voix de plus d’une centaine de boutiques réunies sous son aile. Espérons que nous parviendrons à faire entendre raison à des élus plus à l’écoute de la peur véhiculée par la désinformation des médias que des résultats que produit la science. Nous sommes bien loin des idéaux du siècle des Lumières !

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