Tout commence avec une bière
Tout a commencé pour Virtus Vape par une bière. Cela pourrait ressembler à un cliché, mais pourtant, c’est ce qui a décidé Arnaud Legrand à se lancer dans le bain de la vape. “J’étais vapoteur et belge, et j’aime bien la bière. Un jour, je me suis demandé s’il existait un liquide au houblon”, se rappelle-t-il.
Attention, ça n’a rien de l’obsession éthylique. “Le houblon est une plante aromatique et amérisante, qui a des caractéristiques gustatives tout à fait intéressantes. Je pensais que le résultat en vape serait intéressant, voire passionnant, alors j’ai voulu en vaper.” Trois fois hélas, Arnaud est revenu de sa quête bredouille. “J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé d’e-liquide au houblon. C’est à ce moment-là que le déclic s’est fait, je me suis dit que je pouvais proposer ma gamme.”
L’entrepreneur belge se rapproche d’un laboratoire dont il connaît et apprécie le travail, le LFEL. Intrigués, ces derniers cherchent de leur côté, avant de se rendre à l’évidence. “Personne ne l’avait jamais fait, ou alors de façon si confidentielle que c’était passé sous les radars. On en a parlé avec le LFEL et on s’est dit qu’on allait essayer.”
Les premiers flacons, dans une petite production, sortent, et remportent aussitôt un énorme succès. “Un mois plus tard, on a sorti le Magnum. Le succès a été au rendez-vous, même s’il faut relativiser : ça reste un marché de niche. Mais à ce moment-là, on a voulu voir les choses en grand, et Virtus Vape a été créé en même temps que sortait le troisième liquide. Houblon numéro 1 est devenu une marque de Virtus Vape”, précise Arnaud Legrand.
Suivent alors la gamme de thés, sur laquelle nous reviendrons, et le Classic, qui a un sens. “Pour chaque flacon vendu, 1 euro est reversé pour favoriser le tourisme dans les anciens séchoirs de tabac. Ceci aide à la préservation du patrimoine, parce qu’ils font partie de notre histoire industrielle et économique.”
Un mod d’exception
Virtus Vape, ce n’est pas qu’un fabricant d’e-liquides, c’est aussi un modeur. Et là encore, un modeur à la fois profondément belge et totalement hors norme. “L’idée, c’était de créer le premier mod très haut de gamme entièrement belge. Et la solution que j’ai trouvée, c’était de sortir quelque chose de totalement déraisonnable pour montrer ce qu’on savait faire en Belgique.”
Déraisonnable, le 925 – c’est son nom – l’est certainement. Fait de laiton et de bois, doté d’un switch magnétique en argent massif, livré dans une pochette en cuir cousue main, le mod a de quoi laisser bouche bée l’amateur de vape très haut de gamme le plus blasé.
“La devise de la Belgique, c’est ‘L’union fait la force’, alors le mod a été conçu sous le mode de l’union, justement. J’ai contacté plusieurs artisans, tous belges, et chacun a réalisé sa partie dans sa spécialité. Il en existe dix exemplaires, numérotés de 1 à 10, plus un onzième, le mien.”
Le résultat est une pure merveille, un objet d’art à la fois tout à fait admirable et parfaitement fonctionnel. “Le but était de pouvoir s’en servir. Mais beaucoup d’acquéreurs n’osent pas le sortir de chez eux (rires). Il est parfait pour une vape tranquille, axée détente, à la maison, finalement.” D’autres spéculent dessus. “Il en reste deux en vente, après il n’y en aura plus, et je sais que certains misent sur le fait qu’il prendra de la valeur.”
Le projet initial était encore plus fou. “J’avais pensé à un corps en or. Mais ce n’était juste pas faisable, déjà quand on connaît les pertes sur la matière première. Et puis, il aurait fallu avoir des agents de sécurité pour le transport des barres d’or… Ça allait trop loin”, sourit-il.
Et des pertes, il y en a, comme lors de la fabrication du switch, taillé dans la masse, ou du corps. “Le bois de bruyère pousse dans la terre. Lors de sa croissance, il absorbe des impuretés, des pierres, etc. Et tout ça, on ne le voit pas dans le bloc brut, il faut le tailler pour s’en apercevoir, ce qui occasionne beaucoup de perte.” Mais l’essentiel est que le mod 925 reste un très bon souvenir. “Il incarne les valeurs de la marque”, assure Arnaud Legrand.
C’est d’ailleurs par son intermédiaire qu’Arnaud a rencontré son associé. “C’était un acquéreur du mod, on a échangé et il est devenu associé, ce qui a permis à l’entreprise de se développer.” Bram Van Aken devient donc le deuxième membre de l’équipe Virtus Vape.
Des liquides uniques
Mais le plus gros succès de Virtus Vape, ce sont ses liquides au thé. Le Gentleman (un thé noir au yuzu, pomme, framboise et écorce de citron), le Passionné (un thé vert au fruit de la Passion et épices indiennes), le Piège à Filles (un thé vert vanille, fleur d’oranger, fruits secs et cardamome) et le Fleur Bleue (un thé noir de Ceylan à la fleur de bleuet et la bergamote). Difficile de les départager pour les amateurs de liquides fins. Et pourtant, ces arrangements complexes sont en réalité très simples. Ce paradoxe vient de la façon dont Arnaud Legrand travaille.
“Je pars d’un thé. Il y a une boutique où j’allais quand j’étais étudiant, que je fréquente toujours, et dans laquelle il y a toujours un choix de thés incroyables. Quand j’arrive à trouver la recette qui me plaît, et on parle bien de thé, dans une tasse, on fait une analyse par chromatographe pour synthétiser son arôme”, détaille-t-il.
Tous les arômes sont synthétisés, mais c’est un mélange de molécules. Pas dans ce cas, ou c’est l’ensemble qui est synthétisé. Mais, cela veut dire que ces liquides équilibrés, complexes, sont en réalité des mono-arômes ? “Oui, ce n’est pas courant comme manière de faire, admet le patron de Virtus Vape, je le reconnais, mais plutôt que de mélanger différents arômes pour reconstituer le goût du produit fini, on synthétise directement celui-là. Ce qui permet d’avoir une grande cohérence dans la gamme.”
Si l’on en croit un collègue de la rédaction, le procédé est en effet très efficace. Chaque flacon a exactement le goût qu’il est censé avoir, et surtout, la vape ne sature pas les papilles.
Ce sont les best-sellers de la gamme ? “Le Gentleman est celui qui se vend le plus chez Virtus Vape, suivi par le Classic, qui plaît énormément à ceux qui aiment les goûts tabac. Les ventes des Houblon N° 1 sont beaucoup plus faibles en comparaison, mais ils ont leurs amateurs. C’est de toute façon un marché de niche sur les liquides au houblon.”
L’avenir de Virtus Vape
Cela fait longtemps que Virtus Vape n’a pas sorti de nouveauté. “Effectivement, nous n’avons pas sorti de liquide depuis le Vapexpo Lille. Nous voulions souffler un peu et nous concentrer sur les gammes existantes. Mais nous allons sortir une nouvelle gamme de 9 liquides. Ils seront plus orientés primo-vapoteurs, avec des arômes plus simples et la gamme sera destinée essentiellement au marché flamand.”
Si Virtus Vape va bien et se développe à son rythme, ce n’est pas forcément grâce au marché belge. “La vape dans son ensemble ne va pas bien, en Belgique. La législation et la politique du gouvernement vis-à-vis de notre activité ne sont pas très favorables”, déplore Arnaud Legrand.
L’avenir de Virtus Vape est malgré cela sur de très bons rails. Arnaud Legrand évite les écueils en préférant la qualité à la quantité de l’offre et ses liquides conquièrent bon nombre de passionnés à travers le monde. À l’image de Virtus Vape : à la fois fièrement belge et clairement universel.
La vape d’Arnaud Legrand
- Vapoteur depuis : juillet 2015.
- Setup actuel : Box Fuchai, Asmodus RTA.
- Liquides préférés : Le Gentleman de Nouvelle Addiction.
- Taux de nicotine : 3 mg/ml.
- Consommation quotidienne : 20 ml.